lundi 7 avril 2014

jour de fête pour toutes et tous vs le jour de la haine (jour de colère)

D'un côte les manifestants de "jour de colère" ,"presque 50 personnes" d’après le bien public (journal de masse local), plus proche des 30 selon des témoins, qui ont défilé aux cris de  « Jeunesse, jeunesse, nationaliste », « Français relève toi, tu es ici chez toi », « Nous sommes tous des enfants d'hétéros », « Islam hors d'Europe », « Sionnistes, hors de France » , « Rebsamen démission, Francs-maçons, en prison » ou encore « Taubira, casse-toi, la France n’est pas à toi »,« on n’entend pas chanter Clément Méric », tout cela sous protection policière. (on nous a rapporté que contrairement à ce qu' a écrit le journal local, il y a eu une altercation entre "les jeunes au cheveux très courts" et  des jeunes passants )

De l'autre côté de la ville (place où devait se retrouver "jour de colère", avant que le lieu ne soit déplacé par la préfecture pour les envoyer plus loin du centre ville) à partir de midi, est organisée une fête populaire, un jour de fête pour toutes et tous. Plus de 300 personnes sont venues écouter le concert de rue ,avec Berbiseyans (skinhead réggae de la rue berbisey, Dijon) et Sue ellen et l'abominable jr ( punk alternatif, Dijon), jouer à un chamboule tout et aux fléchettes "anti-réactionaires", ou bien partager autour d'un couscous végan, préparé par le collectif food not bombs Dijon.
Après un rappel de ce qu'est "jour de colère" et des raisons pour lesquelles nous y seront toujours opposés, puis l'intervention des organisations présentes (entre autres de CIGALES (association LGBT dijonnaise ) qui rappela que la lutte pour l'égalité est l'affaire de tous et toutes ), la décision de partir en "boom-déambulation" dans le centre ville a été prise.
La déambulation s'est bien passée (à l’exception  des différents blocages des forces de "l'ordre" (gendarmes et policiers), avec agression de ces derniers entraînant la blessure au crane de 2 participants.) aux chants de "Dijon, Dijon antifa", "pas de fachos dans nos quartiers/ pas de quartier pour les fachos" et autres slogans antifascistes et pour le respect de toutes et tous.
Cette journée c'est fini par un retour à la place Wilson
Nous avons prouvé et démontré que, à Dijon comme ailleurs,  nous ne laisserons jamais la rue aux réactionnaires, et qu'ils nous trouveront toujours sur leur route.

PS: Il y a eu aussi une interpellation d'une personne suite à notre événement pour "tags"

quelques photos:











jeudi 11 juillet 2013

compte rendu 10 juillet 2013

nous transmettons ce compte rendu de la manifestation contre l ouverture de local du front national à Dijon

"Ce mercredi 10 juillet 2013,le front national de cote d’or organisait l’inauguration de leur local de campagne,en vue des prochaine élection, en centre ville de Dijon.
Or cela était sans compter sur la volonté des dijonnais et dijonnaises de ne pas laisser s’installer le moindre espace à leur propagande réactionnaire et haineuse.
À l appel de la coordination antifasciste de côte d’or (constituée d'organisations politiques [front de gauche,NPA,Action antifasciste Dijon] et syndicales [solidaire,CNT]  ainsi que de personnes à titre individuel) une manifestation fut organisée ce même jour, à quelques mètres,à la même heure.
Cette manifestation rassembla une très grosse centaine de personnes, après une petite demi-heure sur le lieu de rendez-vous,le cortège décida de s’approcher au plus près du local,derrière deux banderoles (« contre la xénophobie et l’oppression/résistance populaire »et « résistance antifasciste/libertaire,précaire et solidaire ») arrivé aux abords de la rue Henry-Chambellan, rue du local, bloqué de part en part par une trentaine de « robocop »
ce qui entraîna pendant prés de 1h30/2h une déambulation dans le quartier, dans une ambiance festive, avec, entre autres,fumigènes pour plus de couleur/s, pétards pour réveiller les policiers étourdis par la chaleur, slogans et chant anti-front/ police nationale.
Aucun incident ne s’est produit  (malgré la présence annoncée de militant "anti-antifa" ou l'encadrement du cortège par des policiers de la BAC).
Cette manifestation n’est qu’une partie de notre volonté de ne jamais laisser les idées réactionnaires se développer à Dijon (comme ailleurs).



l’action antifasciste Dijon et la coordination antifasciste de côte d’or  "

merci à toutes les personnes présentes et continuons le combat !
Eux prônent la division, la haine, l’exclusion, nous l'union et la diversité.

jeudi 18 avril 2013

Enquête sur « la Caborne » et la nébuleuse néo-fasciste en Bourgogne/Franche-Comté : quand des maisons de l’environnement et des traditions dissimulent des identitaires radicaux.

BIFC logo
Ce dossier va probablement faire parler de lui, tant il est explosif pour la mouvance identitaire locale. Avec comme point de départ, « la Caborne » près de Besançon. Il s’agit d’un des sites centraux de l’extrême-droite radicale franc-comtoise, pourtant cette structure est anonyme pour l’immense majorité de la population. Et pour cause, puisqu’elle avance totalement masquée, de par une méfiance sectaire et une présentation de façade incroyablement fallacieuse. Avec un nom en référence à un genre d’habitat typique du coin, c’est une association solidement retranchée dans un local à deux pas de la capitale comtoise, mais impossible à aborder pour les non-initiés, et déclarant une existence alliant le plus noble amour régional et populaire à l’écologisme, sur fond d’autogestion et d’adhérence libertaire.
Pourtant après de plus âpres recherches, des investigations minutieuses sur le web, dans les dossiers antifascistes, et sur place, elle apparaît bien comme la planque d’ultranationalistes radicaux, aux discours xénophobes et violents, dont les dirigeants évoluent au sein de la section locale du « Bloc identitaire » avec la compagnie de plusieurs autres formations groupusculaires gravitant autour. Aujourd’hui, ce repère tente de prospérer et d’émerger peu à peu en touchant une population plus large que les seuls convaincus, avec l’exhibition de valeurs et d’objectifs rôdés pour sembler respectables au plus grand nombre, mais aussi en proposant des activités sociales, sportives, artistiques, et gastronomiques.
Pire que cela, les motivations de ses fondateurs semblent de constituer à terme un bastion « 100% identitaire » comme ils espéraient le faire dans leurs projets antérieurs. Cette enquête, menée avec une rigueur et une précision particulièrement soignées, réussit à « faire tomber » l’ensemble de la mouvance sur la région Franche-Comté, mais également à mettre en cause une bonne partie de la Bourgogne voisine, dont les liens étroits entretenus sont devenus suffisamment intéressants pour également les mettre dans un lot spécial « révélations détonantes. » Avec cette fois l’association « des Racines et des Elfes » qui cache la reprise de la « Desouchière », ainsi que ses divers groupes identitaires annexes. Attention la lecture sera longue – d’ailleurs un résumé est disponible ici -, mais, et c’est promis, bien savoureuse.

Internet, là où tout commence.

La Caborne - logo
Le logo de la Caborne (site de la Caborne).
Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais moi j’aime bien ma région. En surfant comme souvent sur la toile sans quête particulière, je tombe un d’ses jours fortuitement sur « la Caborne. » Et pas les petites maisonnettes comtoises que l’ont peut admirer au musée de Nancray, non non, il s’agit bien d’un site dédié à un mouvement de défense des intérêts locaux. Histoire, culture, gastronomie, et événements de la structure, tout y est traité avec un cadre et un style qui fleure bon l’amour de la Franche-Comté sans autre arrière pensée que la passion la plus sincère. Aucun signe, propos, ou tout autre élément, ne compromettent dans un sens ou dans un autre, à fortiori politique, cette belle image. L’ambiance ne peut même que sembler conviviale, festive, enrichissante, les rendus chantant les gueuletons et autres soirées jeux de société bon enfant. Quoi de mieux pour un « enfant du pays » sensible à la cause comme moi ?
Tout naturellement je décide alors de m’y attacher un peu plus. L’on se rend compte tout de suite comme pour une bonne surprise supplémentaire, que la Caborne ne manque pas d’être développée. Le mouvement, son local, et ses activités, y sont décrits comme une démonstration d’une des rares réussites d’établissement à connotation strictement locale. Il s’agit d’une vaste maison autogérée, disposant d’un coin lecture/jeux-vidéos, d’une salle à manger plutôt spacieuse, d’un salon-détente, ainsi que d’un petit bar fourni des divers apéritifs régionaux. Pas mal d’animations sont proposées, comme des randonnées, des journées cinéma, et même un projet de coopérative agricole. Un journal mensuel est disponible afin de parler d’une mémoire, d’un terroir, et des activités du groupe. « Le Petit comtois » comme il se nomme, est certes réservé aux adhérents, mais entièrement gratuit pour ceux-ci.
La Caborne - présentation
Montage de différents aspects de la Caborne (site de la Caborne).
Comble de la structuration accomplie, la Caborne a même fait l’objet d’une déclaration officielle en préfecture du Jura au titre des associations. Parue fin janvier 2013, je la retrouve facilement sur le web après une recherche Google. Avec pour objectifs de « développer des actions humanitaires, sociales, écologiques, culturelles, pédagogiques, de défense des identités locales, européennes et mondiales. » Et un siège social situé à Salins-les-Bains. Une présentation mieux détaillée sur leur blog : « La Franche-Comté, c’est un peuple. Un peuple enraciné dans une histoire comme tant d’autres peuples de France et d’Europe. Des gens naissent en Franche-Comté ; y vivent ; parfois toute leur vie. Pour eux, la Franche-Comté c’est le lieu de leur histoire personnelle reliée à celle d’un destin collectif. À chaque village et ville, chaque forêt, chaque rivière ou source, ils ont un souvenir. Leur histoire, ils la vivent. Ils ne veulent pas la reléguer aux musées et aux fresques des salles municipales. Entre ceux d’aujourd’hui et ceux d’hier, le lien de la mémoire demeure vivace.
Autant que les enfants de Bretagne, de Savoie, d’Alsace, de Castille, du Piémont, de Bavière, du Comté de Nice, ils se souviennent. Chaque jour, ils sillonnent nos villes et villages, nos forêts, s’arrêtent près de nos rivières pour pêcher ou juste contempler. Leur Comté. Celle où ils travaillent et habitent ; celle où ils pleurent et rient ; celles où ils aiment et se battent. La Comté sera toujours leur pays. La Caborne : vrai lieu de résistance face à un monde marchand où la mondialisation nous impose de toujours consommer plus et d’effacer petit à petit nos Identités pour pouvoir vendre encore et toujours plus. Ce projet c’est avant tout un refus de ce monde qui n’est pas le nôtre mais aussi un pas en avant vers la transmission de notre Identité locale. En vieux Comtois, « La Caborne » désigne un refuge, une cabane. C’est en effet cela, lieu où se réfugie notre identité Comtoise mais aussi une cabane où il y fait bon vivre ! »

Un Twitter, un Youtube, et même une boutique perso.

Aujourd’hui, nombreuses sont les structures utilisant les réseaux sociaux, afin de se faire connaitre et de partager les dernières actualités. Je retrouve donc la Caborne sur Twitter, Youtube, et comme nous le verrons plus tard, sur le géant Facebook. Pour le moment, le Twitter de l’association est pour ainsi dire inexistant. Il ne comporte que deux messages sans trop d’intérêt, et d’ailleurs aucun « followers » pour les voir. Le compte Youtube est quant à lui un peu plus actif. Trois vidéos pointent sur des reportages à propos de l’histoire de la Franche-Comté. Une archive de l’I.N.A. sur la région aux 19e et 20e, le parcours des premiers luthiers du coin, et un aperçu du Jura de l’émission « Des racines et des ailes. » Une dernière vidéo, cette fois-ci du groupe, présente la participation des adhérents à la fête des Failles. Pas beaucoup de vues, de likes, ou d’abonnés, mais l’on sent une vie.
Caborne boutique
Les deux produits de la boutique (e-boutique de la Caborne).
Et pis sur le Web, apparait rapidement une boutique en ligne au nom de la Caborne. Un petit site commercial des plus banaux et plutôt rudimentaire. D’ailleurs, seulement quatre articles sont proposés. En premier lieu un même tee-shirt avec des textes différents : « c’est pas le coq qui fait lever les gens, c’est le courage ! – Marie B. » et « quand un salaud devient gentil c’est qu’il prépare une saloperie ! – Marie B. » La possibilité est tout de même laissée de changer les textes par celui de son choix. Rien de très poussé, l’habillement bas de gamme typique d’une association qui se met dans le domaine pour récolter des fonds. Une coque d’I-Phone est également proposée en deux modèles : l’une avec le logo de la Caborne, l’autre arborant une croix de Saint-André. 21,40€ et 13,40€, respectivement pour le tee-shirt et la coque, c’est plutôt cher… mais le truc classique pour n’importe quelle structure. Les temps sont durs et les dons ne suffisent parfois pas à une gestion convenable. La générosité par ce biais est alors toujours la bienvenue.

Mais les premiers doutes arrivent déjà.

Jusqu’ici, tout est parfait. Avec cette pléiade de bons sentiments habilement mis en place, et une réputation tout juste émergente, aucune chance de déceler quoi que ce soit. La totalité des internautes qui sont passés par là ont d’ailleurs certainement eu un même sentiment de bienveillance, à mille lieues d’imaginer une véritable perversion dissimulant le pire. Heureusement, la recherche ne s’est pas arrêtée là. C’est tout bêtement, en continuant ma route et en vérifiant le réseau social Facebook, que j’ai commencé, avec quelques camarades, à me poser de réelles questions. De prime-abord, comme pour le reste, absolument rien ne vient étayer des soupçons plus sérieux. C’est en regardant les amis de la Caborne que l’affaire commence. Sur cette liste de 90 profils, des noms et des photographies suggestives ne correspondent en rien au visage idyllique présenté jusqu’alors.
Surgissent un premier soleil noir – symbole néo-nazi –, plusieurs drapeaux français, des logos du Bloc identitaire, puis des patronymes que je connais très bien pour les avoir croisés dans divers articles antifascistes de ma plume ou notoires dans le milieu. De longues minutes d’un grand étonnement défilent alors. Me serais-je fais avoir, s’agit-il d’une « fausse façade » ? Mais non, tu deviens parano… avec tes dossiers tu vois des crânes rasés partout ! La confusion régnait, mais l’économie de vérifications plus sérieuses ne pouvaient se faire. Tout de suite, je m’y mets. Un examen préliminaire s’impose pour être fixé sur ce point. Et le constat d’alors est plutôt amer : après avoir passé au crible chacun d’entre eux, ce sont près d’une trentaine de personnes s’affichant ostensiblement ou se réclamant sans détours du Front national, mais aussi des « ultras » de presque tous les groupuscules fascisants comme Génération identitaire (G.I.), du Parti de la France (P.D.F.), de Nissa Rebela, des Identitaires bourguignons, du Bloc identitaire (B.I.), et bien sûr du Front comtois.
La croix de Bourgogne
La croix de Bourgogne, symbole régionaliste, est également utilisé par les groupuscules d’extrême-droite locaux.
Dans tout ce beau monde, des hauts-placés tels que Benjamin L., Christophe D., ou Paul-Arnaud C., tous connus des alternatifs du coin pour leur éminence dans les nébuleuses d’extrême-droite et néo-fascistes. L’analyse ne laisse que peu de doutes pour ma part, je poursuis alors mes investigations sur d’autres pistes. Je reviendrai d’ailleurs un peu plus tard sur les informations trouvées sur Facebook. Je repars alors sur mes premiers pas, notamment sur le site en lui-même. Des coïncidences, pour le moment basées sur des présomptions mais tout de même révélatrices, apparaissent. Des images avec quelques petits signes subliminaux et des sujets douteux. Plusieurs croix de Saint André et croix celtiques utilisées par les identitaires, un voyage à Saint-Jacques de Compostelle, ou encore une soirée royaliste. Et puis cette fameuse participation à la « fête des Failles » qui peut d’abord passer pour tout à fait normale, puisque ce sont les traditions. Mais je me souviens alors d’un article du groupuscule « Front comtois » sur le sujet, en 2010 :
« Grande fête traditionnelle des Failles à Mouthier-Haute-Pierre. Elle se déroulera le samedi 16 Janvier prochain à 21h pour la marche (dès 18h pour la messe et 19h pour le repas de la Mairie). Après la marche, le traditionnel Vin Chaud vous sera offert par les Chasseurs suivi de la galette et d’un bal dans la salle des fêtes. Possibilité de passer la nuit en gîte pour 15euros. Pour plus de renseignements : X@front-comtois.com. » Et voici le communiqué trois ans plus tard de la Caborne : « fête des Failles 2013, apportez vos drapeaux comtois, samedi 12 janvier venez nombreux vivre l’une de nos plus vieille tradition, la Caborne sera présente et espère vous voir aussi, nous boutifaillerons et dormirons dans un gîte, contact : X@gmail.com, PAF : 20€ par personne, merci de réserver votre place. » L’événement filmé par leur soin sera en effet diffusé sur leur compte Youtube. Curieuse coïncidence que cette participation au même événement et cette même offre d’un gîte, sachant qu’aujourd’hui le Front comtois n’a plus du tout les mêmes capacités car représentant moins de dix membres actifs. Une reprise de flambeau sur ce point serait-elle à exclure ?

Un groupe sectaire trahi par les siens

À ce stade de ce qui s’avérera une véritable enquête, je n’avais pour le moment que de simples suppositions non corroborées par des faits. J’ai alors essayé d’aller directement à la source, en envoyant un courrier électronique à l’association. Évidemment avec une boite neutre spécialement créée pour l’occasion, mon blaze étant légèrement connu. La réponse fut sans appel, impossibilité complète et non négociable de se rencontrer sous quelque modalité que ce soit. Position surprenante de la part d’un mouvement s’exposant à ce point au public et qui, si il n’invite pas à des accointances amicales obligatoires, appelle largement à l’intéressement, l’entente, et la collaboration chaleureuse. Si aucune conclusion rédhibitoire ne peut être tirée, cela n’en reste pas moins étrange et démontre un réel malaise qui tend à prouver que la Caborne aurait des choses à cacher.
Mais comme nous le verrons, ce comportement ne doit rien au hasard. Les gérants de la Caborne avaient non seulement bien des reproches à se faire, mais ils ont surtout tiré les leçons d’erreurs passées. Pour éviter tous problèmes, une pratique de « sous-marin total » a été mise en place, au point de virer au sectarisme le plus complet. Il s’avère que tout individu non connu du clan de manière significative, par des contacts réels à travers un des membres actifs, ne peut, de fait, approcher la Caborne et son cercle dur. Une méthode sélective radicale qui ne laisse quasiment aucune chance à des exfiltrations. Par les éléments déjà cités, ajoutés à une attitude fuyante, j’avais de sérieux doutes sur les intentions réelles de la Caborne.
Il fallait alors me pencher entièrement sur la question, soit pour exclure la structure d’une orientation qui serait une erreur de ma part, soit pour au contraire révéler une nouvelle affaire de fascisme en Franche-Comté. En partageant au plus grand nombre mes interrogations, j’ai reçu une aide pour le moins surprenante. Celle d’une source entièrement fiable proche de ce milieu qui m’a permis de poursuivre mon enquête et finalement d’arriver à son terme. Elle a bien voulu me fournir l’adresse exacte du local et le nom complet de son tenancier sous couvert d’un strict anonymat. Je savais que des dissensions animaient les nébuleuses d’extrême-droite entre elles, mais je dois avouer que j’ai été complètement ahuri devant ces révélations. Si au début j’ai pu inévitablement m’en méfier, j’ai du, après vérifications, me rendre à l’évidence.

Un certain Vincent L. et ses acolytes

Vincent L. (en 2013).
Vincent L. en avril 2013 (compte Facebook de Vincent).
Vincent L., c’est le nom que la source m’a confié. Et immédiatement après recherche, ça a fait tilt. Cet individu est bien connu des antifascistes pour son activisme dans la région. Le dossier du comité de Vigilance de Franche-Comté en parle précisément : « En 2005 sont officiellement lancées en Franche-Comté les Jeunesses Identitaires, la branche jeune du Bloc Identitaire (fondé en 2002 par des anciens d’Unité Radicale, de l’Œuvre Française, des ex-M.N.R. et F.N. qui ne se retrouvaient plus dans ces partis jugés trop « mous »). Alors nommée Jeunesses Identitaires Séquanie, la nouvelle organisation trouve en les personnes de Denys B., Gaëtan P. et Thomas B., des cadres compétents pour prendre les décisions, mettre en œuvre des stratégies coordonnées nationalement (comme la soupe au cochon par exemple), ou encore former les militants.
En 2007, suite à des conflits opposant la direction des J.I. Séquanie et des membres éminents du Bloc Identitaire, ceux-ci se retirent du projet pour se recentrer sur des activités plus obscures. Le flambeau est alors repris par le jeune Vincent L., originaire et habitant à Ornans qui se retrouve à l’âge de 19 ans à la tête de l’organisation désormais intitulée Jeunesses Identitaires Franche-Comté. En 2008, la dissolution du mouvement « Jeunesses Identitaires de Franche-Comté » est prononcée suite aux dégradations commises par certains de ses membres sur le chantier de la mosquée de Belfort (des tags représentant des croix gammées, des croix celtiques ainsi qu’une tête et du sang de cochon dispersés sur le chantier). Pour autant, le jeune Vincent L. n’abandonne pas son combat… »
Deux autres noms de premier plan sont également mentionnés : Michael G. et Mathieu B. tout deux inconnus des services antifascistes locaux. Une rapide présentation de ces individus ne sera alors pas de trop. Michael G. est actuellement boulanger à Mamirolle. C’est un jeune au milieu de la vingtaine originaire de la région lyonnaise. Après un parcours entre ses terres d’origine et Ornans où il rencontre Vincent L., et avoir été l’un des acteurs du Cercle 1639, il décide de rejoindre son acolyte dans le cercle Vincenot puis Grevelon (évoqués par la suite). Après les déconvenues de ces structures, il part de nouveau pour le projet de la Caborne et il se retrouve sur place comme employé dans une boulangerie. Il parle constamment de ses positions xénophobes et traditionelles, notamment à travers
Michael (à gauche) et Mathieu (à droite).
Michael G. (à gauche) et Mathieu B. (à droite). Archives antifascistes.
Après avoir perturbé le conseil municipal de Dijon (Mathieu B. est visible sur la vidéo prise par ses copains), c’est lui qui donnera une interview en son nom au journal Dijonscope après les propos de Jean-François Copé sur le racisme antiblanc : « [Rédaction] – Mathieu B., bonjour. Comment accueillez-vous une telle mise sur le devant de la scène du racisme anti-blanc, phénomène dont vous avez fait votre principal argument politique ? [Mathieu B.] – D’abord, je tiens à rappeler que nous, Identitaires, cela fait plus de dix ans que l’on dénonce le racisme anti-blanc et le racisme anti-Français. On peut saluer les déclarations de Jean-François Copé, car il a en effet brisé un tabou politico-médiatique en abordant le sujet du racisme anti-blanc. Mais on ne peut que regretter qu’il n’ait pas profité des dix ans passés au pouvoir par son parti politique pour traiter la question. Malgré tout, nous ne sommes pas dupes, ces déclarations ont évidemment une visée électoraliste.
Mais je pense qu’avec de tels propos, il a quand même ouvert une nouvelle ère. Dorénavant, le racisme anti-blanc est une composante du débat public et ne pourra plus être esquivé. Au moins, le débat est lancé. [Rédaction] – Par quoi se caractérise ce racisme anti-blanc ? Par un vol de pain au chocolat ? [Mathieu B.] – Le racisme anti-blanc, beaucoup de Français le vivent tous les jours. Il suffit de descendre dans la rue, de se promener : On nous demande une cigarette, si nous n’en avons pas, ça se termine en agression, par les insultes de sale Français, sale blanc, face de craie et j’en passe. Quand j’étais plus jeune, j’ai moi aussi subi cette forme de racisme. Au collège, ça m’arrivait déjà. Ce n’est pas un phénomène nouveau, le mouvement identitaire existe depuis dix ans, cela fait dix ans qu’on le dénonce. »

Le « collectif 1639 »

Après les nombreux échecs abordés dans son court parcours, Vincent L. n’a en effet pas stoppé sa lutte. Ce que ne mentionne pas le dossier du comité de Vigilance et que j’ai retrouvé sur le Web, c’est qu’après la dissolution de son groupe, il remonte très rapidement une petite faction avec sa bande de potes du coin. Elle se dénommera « collectif 1639 » en référence au château de Scey-Maisières (situé près d’Ornans) assiégé par les Suédois pendant la guerre de Dix ans. Fort de son B.T.S. « négociation et relation client » obtenu au lycée Nicolas Ledoux de Besançon en 2008, il s’investit totalement dans sa cause. Un premier site, sur l’hébergeur Hautetfort.com apparaît, remplacé par la suite sur un domaine propre à son nom. De nombreux articles sur chacun rendaient compte des activités du groupe, avec exactement le même polissage que la Caborne aujourd’hui : traditions, environnement, et bonne bouffe. Actuellement la structure n’existe plus, et les sites ont été fermés. Il reste cependant deux traces appréciables de cette existence : un compte Youtube très fourni en vidéos, et un compte Facebook.
Bien que ces deux vecteurs ne soient plus actifs à l’heure actuelle, les données qui subsistent s’avèrent précieuses. Les vidéos, apparues de mars 2009 à fin février 2011, montrent aussi bien la participation à des événements, tels que des campings, des randonnées, des excursions, qu’à des anniversaires et des repas du cercle amical et familial. La présentation de monuments et de petits villages dessine déjà les méthodes pour mêler intérêts réels et couverture bien pratique. Des incursions au Téléthon et aux festivités de Noël sont également à noter, et ce au nom du collectif, ce qui démontre déjà une volonté d’investir les sphères sociales et solidaires. Dés le début l’orientation du groupe ne laisse pas de doute, confirmée par les « likes » de très nombreuses vidéos avec pour sujet la lutte contre l’I.V.G., la vie des sections identitaires françaises, la haine des musulmans, ou les chansons « d’artistes » comme Goldofaf. La fête des Failles apparait dans trois vidéos, une en 2010 et deux en 2011.
L'affiche pour la soirée raclette du Collectif 1639.
L’affiche de la soirée raclette (compte Facebook du collectif).
Dans les vidéos publiées, apparaissent des certains Vincent L., Terry, Quentin, Sylvain, Aurélie, Maxime, Aurore, Adrien, ou Jérémy. Sur Facebook, l’inscription est bien plus tardive puisqu’elle apparaît fin 2011, et s’achèvera quelques mois plus tard. On note toutefois des soirées organisées par le collectif, comme un événement « jeux de société/raclette » à huit euros l’entrée. En plus d’une même thématique, le graphisme ne laisse aucun doute tant les similitudes sont fortes avec les productions de la Caborne. Une publication du collectif mentionne également une « soirée chez Micka » en février 2012, que Mickael G. « like. » La liste des amis apporte également de nombreux noms : sur 41, 23 réapparaîtront par la suite, avec le même cercle de Quentin, Alexandre, Terry, Gabriel, et Michael G. En reprennant le dossier du collectif antifasciste, la suite parvient : « [en parallèle] nous le retrouvons (Vincent L.) au centre des activités des Identitaires bourguignons, notamment autour du projet de la Desouchière (projet d’habitat racial dans le Morvan) et du Cercle Grevelon. Il s’est spécialisé dans l’exploitation de la thématique de « l’ultra-localisme. »
Alors qu’il n’est présent qu’occasionnellement, Terry devient incontournable dans son rôle de parfait second, gérant la boite durant l’absence de son chef. Le reste de « l’équipe » bien que consciente de son appartenance à un mouvement néo-fasciste est, comme je l’évoquerai par la suite, surtout constituée de « copains » plus que de « frères d’armes. » Rentré au bercail, Vincent L. applique l’enseignement prodigué en Bourgogne. C’est alors que la structure va évoluer pour deux raisons principales : évacuer les indices laissés durant le collectif 1639 aiguillant sur des idées, des projets et des individus, chose incompatible avec la fonction de sous-marin et qui s’écroulerait si elle était découverte. Et deuxièmement, à cause d’un objectif structurel : quitter l’aspect strictement « bande de potes » et entrer dans une véritable formation digne de ce nom. Après l’exploitation des données Facebook détaillées ci-après, nous allons revenir sur le parcours de ce cher Vincent L. qui colle parfaitement à la tâche.

Facebook est une (autre) bonne balance

Prise d'écran des amis de la Caborne.
Prise d’écran des amis Facebook de la Caborne.
Me revoilà plus précisément sur les informations trouvées dans Facebook, après avoir évoqué brièvement les amitiés qu’entretient la Caborne. Un travail minutieux de recherche et de collecte d’informations réalisé par la suite permet d’établir une liste de portraits d’individus récurrents, de leurs amis liés à la structure, ainsi qu’un profil géographique intéressant. Bien que de nombreuses personnes ne soient pas cernables faute d’éléments publiquement communiqués, la synthèse finale n’en reste pas moins significative. De manière globale, les amis de la Caborne sont géographiquement classés en cinq groupes : les Bourguignons (19 personnes), les Ornanais (19 personnes), les Bisontins (16 personnes), ceux en dehors de Bourgogne/Franche-Comté (8 personnes), et ceux dont la position est indéterminée (24 personnes). Politiquement, ils sont classés en deux groupes : les militants (34 personnes) dont 13 du Bloc identitaire, 8 de l’ultra-droite ou du néofascisme catholique, 5 du Front national, 4 des Werwolf Sequania, 4 du Front comtois, et ceux sans appartenance établie ou en dehors de véritables activités politiques (52 personnes).
De manière détaillée pour ceux dont le profil est déterminé, un cercle soudé de 16 individus se forme au sein des Bourguignons : Benjamin L., Marie-France, Ludovic, Julien, Cyril et sa copine Marina, Kevin et sa copine Mélody, Jean-Sébastien, Jérôme, Damien B., Nathalie et sa fille Marion, Paul, Marie, et Mathieu B. Ils sont identifiés ou déclarés membres ou proches des identitaires Bourguignons et liés à « la Desouchière » et/ou au Front national. La moyenne d’âge tourne autour de 35 ans à 40 ans. Les Ornanais représentent un bon petit groupe mais sont, à la différence des Bourguignons et de la plupart des Bisontins, peu ou pas engagés. Ce sont « une bande de potes » liés à Vincent L. d’une part et menés en partie par Terry (proche du Front comtois) et quelques-uns de ses camarades des « Néo-Troopers » d’autre part. C’est par ces liens qu’ils se retrouvent à la Caborne, mais peu démontrent une attache militante particulière même si ils ont parfois des opinions réactionnaires voir xénophobes. Tournant autour de Vincent L., Michael G. et Terry, il y a 10 personnes : Xavier, Alexandre et sa copine Émilie, Gabriel, Sylvain, Jérémy, Quentin, Steeven, Gwendoline et Aurore. Leur tranche d’âge est située entre 20 et 25 ans. Les Bisontins sont quant à eux clairement nuancés : une bonne part d’indéterminés en plus de Michael G. d’un coté, et une bande issue du Front comtois nommée « Werwolf Séquania » de l’autre. Avec ces derniers, aucune ambiguïté : commerce de produits néonazis et violences raciales et politiques leur sont attribués. On y retrouve Kevin, Teddy, Éric, et Nicolas.
Promotion de la bière la Desouchière à la Caborne.
Michael G. et une partie de la bande d’Ornans, qui n’hésite pas à se mettre en scène bouteilles en mains pour une publicité sur la Bière la Desouchière (archives antifascistes).
Enfin, une poignée d’individus vivent en dehors de la Bourgogne et de la Franche-Comté : quelques indéterminés, mais surtout des « grosses têtes » importantes dans leur milieu. Y figurent le dirigeant local du « Parti de la France » Christophe D., le responsable B.I. Christophe P., les fondateurs du Front comtois Paul-Arnaud C. et Denys B., formant, avec le candidat B.I. Damien B. et le responsable F.N.J. Benjamin L. tous deux en Bourgogne, les « éminents. » L’ensemble des amis de la Caborne a, à très peu d’exceptions près, en plus de la structure, un seul point commun… Enfin plutôt deux, en les personnes de Vincent L. et Michael G. Ils ont à eux deux plus de 95% des contacts de la Caborne. À contrario, les Bourguignons, les Ornanais, et les Bisontins ont très peu de liens d’amitié entre eux. Cela est surtout vrai pour les deux premiers, très rares sont les contacts remarqués entre eux en dehors de la Caborne. Ce qui démontre la position de véritable vecteur des deux personnes en question pour cet ensemble.
En plus de la liste d’amis de la Caborne, la liste des invités aux différents événements (trois en tout) organisés par celle-ci a été un bon apport d’informations. On y retrouve une majorité d’amis de l’association, mais pas seulement. 39 contacts supplémentaires ont pu être identifiés, parmi lesquels géographiquement il y a : 5 personnes d’Ornans, 7 de Besançon, 3 de Bourgogne, 5 d’ailleurs et 19 indéterminés. Politiquement il y a 1 personne du Bloc identitaire, 2 du Front national, 1 personne se réclamant du néonazisme, 4 d’autres mouvances d’extrême-droite et 31 indéterminées. Beaucoup ont décliné l’invitation ou n’y ont pas répondu. Mais encore une fois, plus de 95% d’entre eux sont liés à Vincent L., Michael G., ainsi qu’à Mathieu B. mais dans une moindre mesure. En passant cette fois-ci directement par leurs répertoires personnels, ce triptyque démontre une nouvelle fois son implication de premier plan. D’ailleurs, ce sont encore les trois mêmes qui animent les pages d’événements tout comme la page principale de la Caborne par leurs « likes » et commentaires.

Un comparatif photographique difficilement explicable.

Ce qui n’était pas noté dans la première rubrique, c’est que des photographies publiées sur le site de la Caborne rendent directement compte d’un événement précis en la soirée dite « raclette » du 6 octobre 2012. Grâce notamment aux informations recoupées sur Facebook, dans les amis de la Caborne et sur les pages événements, il est désormais possible de mettre un nom sur bon nombre d’invités. Le cliché ci-dessous est celui tel quel de la Caborne, avec l’ajout des prénoms des convives… qui sont très exactement concordants avec les éléments déjà recueillis.
Photo des convives de la soirée Raclette à la Caborne.
La soirée raclette. Avec Vincent L. (1), Michael G. (2), Kevin (3), Terry (4), Xavier (5), Émilie (6), Alexandre (7), Gabriel ? (8), Arnaud ? (9), Gwendoline ? (10), Paul ? (11), Ludovic (12), Marie ? (13), Mathieu B. (14), Jean-Sébastien ? (15), Jérôme (16), Benjamin L. (17), Nathalie (18), Marion (19), Charlène ? (20), Marie-France (21), Julien ? (22).
Ci-dessous, voici à présent une autre photographie sur les identitaires de Bourgogne (le 8 décembre 2012 pour protester contre le squat des Tanneries à Dijon), revendiquant clairement leur appartenance, disponible sur divers profils Facebook dont la page officielle d’Identitaire Dijon. Toujours grâce aux mêmes méthodes d’informations, de nombreux noms apparaissent là aussi. Et il est amusant de constater le nombre de participants à la soirée raclette qui se retrouvent, dont les principaux protagonistes, plus que dans une liste de noms, directement sur le terrain politique.
Les participants de la mobilisation de Bourgogne identitaire.
La mobilisation contre les Tanneries. Avec Kevin (1), Ludovic (2), Mathieu B. (3), Damien B. (4), Michael G. (5), Nathalie (6), Marie-France (7), et Marina (8).

S’il en fallait, (encore) d’autres éléments compromettants.

Affiche de la Caborne pour FdeSouche.
L’affiche de la Caborne pour le site FdeSouche (site Fdesouche.com).
Une grave erreur de communication aujourd’hui repérée ne laisse une énième fois aucun doute. Un article du site « F.desouche », célèbre média très ancré à l’extrême-droite, va carrément jeter à la poubelle tout le travail de dissimulation par la suite mis en place. Il s’agit d’après l’affiche d’une « soirée de soutien à Fdesouche, à la Caborne, le vendredi 17 février de 19h à 22h, également pour défendre le droit à l’information. » Doux foutage de gueule que ce souhait, m’enfin si ils le veulent vraiment, ils ne m’en voudront pas pour cet article. Elle s’achève par l’adresse Internet des deux structures et les mentions « honneur à Tilak » et « soutien à Sautarel. » Tilak c’est le nom de « Tilak Raj », un indien qui détiendrait le site, et Sautarel c’est en référence à « Pierre Sautarel » qui en serait le directeur de publication bien qu’il le nie. Sur l’article, des précisions sont apportées : « Vendredi soir aura lieu, à la Caborne, à proximité de Besançon, une soirée de soutien au site Fdesouche.com. Repas sur place pour 6€. Réservations et informations : X@gmail.com. La Caborne est un local associatif Franc-Comtois dédié à la défense des Identités, situé à proximité de Besançon (25000). » Cet acoquinement sonne pour le moins comme un bel aveu. D’autant plus que, hasard du calendrier peut-être, un emboitage parfaitement concordant saute aux yeux, car le 17 février est le jour de l’inauguration de la Caborne. Cela colle avec les constatations établies sur l’apparition du site web un peu avant cette date, mais surtout à la soirée événement qui fêtait les « un an » de la Caborne le samedi 16 février 2013.
Étrangement, cet article et ses traces ont été nettoyés depuis sa publication, mais ce travail fut mal réalisé. Encore aujourd’hui, il est visible dans le cache RSS sur ce lien. Aussi, en arpentant le mur Facebook de la Caborne, des conversations attirent mon attention. J’en ai retranscrit une ici, la plus démonstrative : « [Mathieu B.] – ce soir repas chez mes amis francs-comtois. Afin de fêter la première année de la Caborne, le local de la comté enracinée ! [Crespo ; membre de Nissa Rebela] – et réunion de lancement GI Rennes ! [Mathieu B.] – Géographiquement parlant, je ne pourrais pas me rendre aux 2… [Crespo] – hé hé je pense bien ! Mais entre votre soirée, notre réunion, plus les portes ouvertes de la Traboule et l’action de ce matin à Nice, on voit où çà bouge ! » Des précisions semblent importantes. « GI » c’est pour « Génération identitaire. » En effet, la réunion officielle de lancement de la fédération de Rennes avait bien lieu un jour avant, le 15 février 2013 à 20h. Comme le prouve l’affiche et l’article de la page du site « Génération identitaire » sur ce lien. La Traboule, c’est le local officiel du groupe « Rebeyne », faction lyonnaise du Bloc identitaire. Le 16 février correspond bien à la date de leur « portes ouvertes » qui avait d’ailleurs provoqué une importante manifestation à Lyon. Ce lien du Bloc identitaire le démontre. L’action de ce matin à Nice, c’est pour parler de l’intrusion de quatre identitaires, du mouvement « Nissa Rebela » également faction locale du Bloc identitaire, au conseil municipal de la ville pour protester contre un projet de mosquée. Ce lien de Nissa Rebella l’illustre. Qui d’autres que des initiés peuvent connaitre ces éléments ?
Terry à la fête des Failles
Terry en « tenue comtoise » et à la fête des Failles (compte Facebook de Terry).
Aussi Google+ nous apprend que Vincent est ami sur ce réseau avec un certain Roark. De son vrai nom Olivier B., il s’agit du pseudonyme officiel qui n’est autre que celui du fondateur de la Desouchière, rien de moins. Pour enfin régler cette histoire de fête des Failles, reprenons point par point. Je soupçonnais des liaisons au moins sur ce point avec le Front comtois. Plusieurs indices ont déjà été évoqués tout au long de l’article : la même offre de gîte, la participation commune et les vidéos de 2010 et 2011 sur la participation du collectif 1639. Sur ces prises apparaissaient des têtes connues : Terry, Vincent L., Quentin N., Quentin C., Arnaud, Alexandre et Michael G. notamment. Des photographies publiées sur les comptes Facebook de Terry et Vincent L. vont aussi en ce sens, avec l’exhibition en 2011, drapeau comtois en main, de Terry, et de simples clichés des feux sans individus pour Vincent L. mais datant de 2010. Michael G. publie un statut sur son compte Facebook pour l’édition de 2011, le taux de réservation n’étant apparemment pas au rendez-vous. Tous ces faisceaux ajoutés au fait que des membres du Front comtois et des Werwolf Séquania sont amis avec la Caborne prouvent des liens réguliers, même si il est notoire que les identitaires ne sont pas les meilleurs amis du Front comtois et vice-versa.
On retrouve aussi un lien intéressant entre les Ornanais et le groupe « Werwolf Séquania. » Si deux des membres sont à l’E.N.I.L., deux autres ont des connections importantes de par leurs activités similaires. J’évoquais précédemment le groupe d’airsoft « Neo-troopers » d’Ornans où Terry et quelques de ses amis se retrouvent. Bien que, notons-le, ce club comprend de nombreux membres et n’a pas de caractère politique. Mais parmi eux on retrouve en plus, un certain Nicolas – ami avec la Caborne – et sa compagne Clémentine. Membre des Werwolf, c’est un très bon ami de Brice par ce biais, mais aussi et surtout parce qu’ils sont au sein du même mouvement ultra-radical : les Jeunesses révolutionnaires nationalistes (J.N.R.) de Serge Ayoub. De nouveau à partir des réseaux sociaux, quelques trouvailles. Comme celle où Mathieu B. pose devant son collage haineux, en publiant la photo avec une dédicace à Vincent car la rue se nomme « Franche-Comté ». Il est aussi intéressant de constater la présence de Vincent L., Mathieu B. et Michael G. à l’Université de rentrée du Bloc identitaire les 9, 10, et 11 septembre 2011 en Provence. Comme le démontre une photo de Vincent L. postée sur son compte facebook, tout content de voir ses drapeaux franc-comtois, ornant d’habitude la Caborne, désormais flotter sous son chapiteau. Tout comme le fait que Terry publie des photos de lui et de ses amis, Arnaud, Alexis, et Steeven, en « tenue irlandaise » quelques jours seulement après une soirée sur ce thème à la Caborne. Enfin, on peut s’étonner que la Caborne s’attarde à publier un article pour les voyages de Saint-Jacques de Compostelle, puisque ce sont des périples mis en place par Vincent L. et Michael G. dans le cadre de l’association des pélerins de Compostelle et de Rome Franche-Comté comme l’établit une photo de Vincent.

Une première expérience à Dijon

Cercle Vincenot
Logo du Cercle Vincenot (compte Facebook du cercle).
Je vais à présent aborder les activités bourguignonnes de Vincent L. Sur Ornans, d’où il est originaire, il gérait déjà le « collectif 1639 », mais ce groupe de copains, bien qu’ayant une destinée tout à fait semblable, reste un fait d’arme secondaire dans son parcours. Ses « œuvres » de la région Bourgogne sont en effet bien plus « professionnelles » et révélatrices pour comprendre d’où vient la Caborne, mais surtout ce qu’elle est et où elle va. Après avoir participé à la Desouchière, le jeune Vincent L. tente de se lancer à son compte avec quelques copains réunis au sein de l’association « Burgondes. » Elle fait l’objet d’une déclaration officielle, le 7 janvier 2011. Avec pour objectifs : « promouvoir, en Région Bourgogne, les notions d’enracinement, de localisme, de défense du terroir, des communautés locales et de leurs traditions. L’association soutient également les différentes initiatives, associatives ou individuelles, œuvrant dans ce sens. Elle pourra mettre en œuvre la fabrication et la diffusion de documents imprimés et numériques et organiser excursions, conférences ou manifestations. »
Néanmoins le site est très clair, se présentant sans détour comme celui des jeunes identitaires de Bourgogne issus du Bloc identitaire, avec des articles politiques rendant compte de ces activités. Aucun doute sur ses membres non plus, le gérant officieux étant un certain Mathieu B. accompagné de ses camarades habituels présents à la soirée raclette de la Caborne. C’est à partir de ces militants réunis au sein de l’association afin de former une base sûre, que le second collectif du genre – après la Desouchière – va être créé. Vincent L. s’installe alors à Gilly-les-Citeaux, village proche de Dijon, et fonde le « cercle Vincenot » à Thorey-en-Plaine situé à deux pas. En référence bien sur à l’écrivain de langue bourguignonne Henri Vincenot. Avec exactement les mêmes techniques que le collectif 1639 et aujourd’hui la Caborne, bien tapis derrière un visage de façade savamment organisé. Le 3 mars 2011 ce cercle est enregistré comme association, avec les mêmes objectifs mot à mot que les Burgondes. Un site publié au nom de Vincent pour le cercle est rapidement mis en ligne, avec la présentation globale, les rapports d’activités, une petite boutique, et l’esquisse d’un réseau bio.
Localisation du cercle Vincenot/Grevelon, du domicile de Vincent, et de Dijon.
Localisation de l’ancien domicile de Vincent L. (1) et du cercle Vincenot puis Grevelon (2) par rapport à la ville de Dijon (3). Google Maps.
Damien Dubuc relate avec une belle exactitude le comportement de la nébuleuse identitaire. « Les identitaires — qui défendent à la fois une soi-disant « civilisation européenne » et une forme de régionalisme — ont fait de « l’enracinement » et la défense des terroirs, rebaptisés « patries charnelles » ou « communautés naturelles », des thèmes majeurs de leur programme. Ainsi, le Bloc Identitaire (B.I.) a consacré un débat entier à l’écologie, à l’occasion de sa Convention de 2008. Arnaud Gouillon, candidat du B.I. à l’élection présidentielle de 2012, défend également le localisme. Et pour couper court à toute accusation de racisme, affiche son respect des identités, de toutes les identités. À une condition : que chacun s’occupe de ses oignons, chez soi. Le discours est calibré au quart de poil pour coller aux aspirations environnementales tout en respectant à la lettre la ligne dure du mouvement. Derrière la promotion des particularismes locaux, la peur d’être « submergé » par l’immigration musulmane. Le rejet de l’agriculture intensive masque une vision fantasmée de la nature et un refus radical de la modernité. Les vieilles rengaines d’extrême droite ripolinées en vert. »
Les protagonistes ne se cachent pas et y déclarent officiellement leurs rôles : Vincent L. directeur, Mathieu B. trésorier, et Jean-Sébastien S. secrétaire. Malheureusement les précautions et autres façades mensongères s’avèrent insuffisantes, d’autant plus que la révélation de la Desouchière fait encore scandale. Un blog antifasciste, 11septembre2010.com aujourd’hui disparu, décide de fouiller et finit par pointer du doigt ce qui apparaît déjà être une organisation louche. Tout juste émergée, la structure devient le Cercle Grevelon suite à ces remous. Cela dans le seul but, évidemment, de pouvoir s’affranchir de son passé devenu une entrave à toute croissance. Aujourd’hui, il ne reste plus rien du cercle Vincenot, tout ayant été nettoyé. Ou presque. Car le compte Facebook de la structure demeure et livre quelques indices. Dans les amis et commentaires, encore et toujours les mêmes personnages : Michael G., Mathieu B., Vincent L., Ludovic, Marie, Laurent, et Nicolas. Plusieurs publications rendent compte des activités du groupe, mais rien de sulfureux ne transparaît. Sur le Web, le lien avec une autre organisation identitaire camouflée est visible. Racines charnelles, bien connu des antifas locaux, n’hésite pas à publier un article pour vanter le bienfait de l’association bourguignonne. Et seulement deux personnes l’ont commenté : Vincent L. et Mathieu B., afin de remercier le rédacteur de son geste.

Vincenot, puis Grevelon

Les alternatifs savent et dénoncent, mais ce petit jeu continue pour le plus grand nombre. Le Cercle Grevelon devient à travers son site un important projet de coopérative, toujours en sous-marin, et considéré comme un véritable satellite de la Desouchière. Les camarades notent : « À l’heure actuelle, le cercle Grevelon semble être parvenu à mettre en place ce que le cercle Vincenot avait amorcé : la distribution de produits agricoles en direct, du producteur au consommateur et sans intermédiaire. Rien de nazi là-dedans mais selon le modèle de la Desouchière ce n’est qu’une étape dans un processus qui a pour but de constituer une réserve naturelle de Fdesouche. » La boulangerie du village est d’autant plus le siège officiel, tenu par Mathieu B. lui-même artisan dans ce domaine. Une similitude qui n’est pas sans rappeler la situation actuelle de Michael G. aujourd’hui à Mamirolle. Sauf que, encore une fois, les camarades s’activent et cela va faire du bruit. Un véritable dossier voit le jour ; Dijonscope, sur le site de Médiapart, nous donne plusieurs éléments.
Site du Cercle Grevelon.
Prise d’écran du site Cercle Grevelon.
« Au début de l’été 2011, s’est implantée l’association Cercle Grevelon, à Thorey-en-Plaine, en Côte-d’Or. Sur son site internet, on peut lire notamment qu’elle « a pour but de promouvoir, en Région Bourgogne, les notions d’enracinement, de localisme, de défense du terroir, des communautés locales et de leurs traditions ». Dans la catégorie présentant les « Paniers grevelons », constitués de produits provenant directement d’agriculteurs de la région, le discours est également en phase avec la pensée écologiste. « Les Paniers grevelons c’est : pour le paysan, le maintien de l’activité agricole par la garantie de revenus ; pour le consommateur, des aliments frais, de saison, souvent biologiques, produits localement ; un prix équitable pour les deux partenaires ». Les Paniers Grevelons ont également les ambitions suivantes : favoriser un dialogue social autour de la sécurité alimentaire et du goût ; respecter la biodiversité ; agir pour l’emploi, par l’installation de nouveaux jeunes agriculteurs…
…instaurer des animations sur la ferme, en favorisant le volet pédagogique sur la nature et l’environnement ; contribuer à réduire la consommation énergétique en utilisant des légumes produits à coté de son domicile ; ré-impliquer le consommateur dans ses choix de consommation ». Le soupçon au sujet des motivations de l’association a pourtant rapidement circulé. « Je ne vois pas ce qu’il y a de politique à vendre des fruits et légumes en faisant travailler les petits producteurs locaux », commente Mathieu B., trésorier de l’association et boulanger du village. Et d’ajouter : « C’est une rumeur basée sur le fait que les gens qui ont créé cette association, dont je fais partie, sont membres du Bloc identitaire. Et nos opposants politiques ont trouvé ça à nous reprocher, bien que nous ne le cachions pas. Ils ont cru intelligent de faire ça. C’est un amalgame ». Le maire de la commune, Alain Dubois, n’est pourtant pas de cet avis… Je vous informe officiellement que cette association n’utilisera plus les locaux de Thorey-en-Plaine, aura-t-il pour première réponse.
Avant de préciser : « Je suis tout de même maire de ma commune et j’ai des antennes : notre préfète était chez nous vendredi 23 septembre et ce n’est pas la première fois que j’ai des sujets de ce type à traiter… J’ai donc recueilli des informations auprès des services de l’État et elles ne me conviennent pas. En tant que maire, l’on est gardien de la République et j’estime que le fondement de l’association, tel qu’il est décrit, ne correspond pas au respect de la République et de l’emploi des bâtiments communaux. J’ai découvert que cette association était fondée sur une organisation politique et les locaux de la commune ne sont pas faits pour ça. La libre-expression existe, mais à partir du moment où cette tendance devient plus politique qu’associative à vocation sociale, je n’autorise plus ». Après un été d’activité, les produits locaux du Cercle grevelon n’auront donc plus de point de vente à Thorey-en-Plaine. Et la stratégie de La Desouchière de subir un nouveau coup après la levée de boucliers morvandelle de l’été 2009. »

Après l’échec, la poursuite à Besançon : (re)naissance du Bloc identitaire et de la Caborne

La banderole du Bloc identitaire à Morre.
La banderole du Bloc identitaire à Morre, contre le droit de vote des étrangers (article Plein air).
Suite à la découverte des éléments qui se cachaient derrière le Cercle Grevelon, le maire a effectivement tenu parole et l’association fut déchue de son accès aux locaux. Perte qui signera son arrêt de mort dès la fin de septembre 2011. À cette date Vincent L. retourne alors rejoindre sa terre natale, la Franche-Comté. Et plutôt que de se décourager, il tente une nouvelle fois l’expérience à plein temps, chez lui, en évitant les mêmes erreurs. Son retour coïncide d’ailleurs étrangement avec le renouveau du Bloc identitaire en Franche-Comté. Cette organisation apparue en 2003 dans la région, était pour le moins vacillante après que son dirigeant Yvan L. ait claqué la porte. Vincent L. était alors à ses côtés en tant que délégué officiel au service culture, mais son départ en Bourgogne rompt son mandat. Ce qui est certain, c’est que la première action sera effectuée fin novembre 2011 au cœur de Besançon, aucune existence à ce titre n’apparaissant avant cette date. Il s’agissait alors d’une dispersion de mannequins dans les rues du centre pour dénoncer le « racisme antiblanc. » Dès janvier 2012, le site de la Caborne naît officiellement avec en février le premier article, en vue de l’inauguration du site pour la Saint-Patrick le 17 mars. Le 17 mai, une banderole contre le droit de vote des étrangers est déployée sur le pont de Morre, une commune entre Besançon et Mamirolle.
Puis le 21 mai, c’est la consécration, avec la venue du président Fabrice Robert dans la capitale comtoise. Celle-ci donnera lieu à une mobilisation des milieux alternatifs et antifascistes. Le lieu précis et le contexte autour de cette venue demeureront bien sûr secrets. Le compte Facebook du Bloc identitaire Franche-Comté est verrouillé, uniquement quelques messages montrent des liens étroits avec les identitaires de Bourgogne. L’ensemble des éléments cités ne laissent cependant aucun doute. Mais plus important, c’est de savoir dans quelle démarche est la Caborne. Ses fondateurs ont-ils la volonté de constituer un village exfiltré des éléments jugés indésirables voir créer un site 100% identitaire ? Cette question peut sembler folle ou complètement démesurée, mais c’est pourtant bien le but recherché par ce type de structures. La Desouchière, là où Vincent a fait ses premiers pas, était à l’époque très explicite sur ses desseins à travers le site Fdesouche où le fameux « Roark » y dévoilait ses véritables souhaits. Aujourd’hui ces écrits ont été retirés suite à la polémique et au combat qui s’est mis en place contre la Desouchière, mais Dijonscope les a retranscrits :
« Le but de l’association doit être fixé de manière claire, de façon à ce que chacun en soit bien conscient, avant de s’engager de la façon qui lui convient. Cependant, il faut demeurer relativement évasif dans les documents officiels (statuts des sociétés et associations éventuelles), de manière à ne pas prêter le flanc à la critique de nos adversaires, ni éveiller les soupçons des autorités du lieu finalement choisi. L’implantation ne doit pas être avant tout politique. À mon sens, le but premier doit être de s’intégrer et de se faire accepter, apprécier, des habitants du cru, en adoptant un comportement exemplaire (…). Si le projet est bien amené, bien présenté, sans provocation, les gauchistes ou autres nuisibles n’y verront que du feu (…). Il suffira d’employer les arguments simples de « développement durable » ou de « mise en valeur du patrimoine local » très en vogue actuellement. Et surtout être discrets sur nos buts et notre philosophie. À long terme, cette stratégie pourrait permettre de briguer des mandats aux élections locales, sans pour autant que le candidat potentiel soit identifié comme appartenant à l’extrême-droite. Il serait judicieux de choisir une commune peu peuplée afin de pouvoir assez rapidement placer un maire souchien.
Si nous sommes suffisamment nombreux, nous pourrons mécaniquement gagner les municipales. Il faut donc s’installer dans une commune déjà existante et réussir à y placer notre maire. Le contrôle de la mairie nous permettra de contrôler les permis de construire et en conséquence, de contrôler l’accroissement, la rigueur des constructions, le bon emploi des fonds publics et la tenue de l’école. Imaginez donc une commune en voie de désertification, avec cent électeurs inscrits – car c’est ainsi dans les campagnes, il y a toujours plus d’électeurs inscrits que d’habitants à l’année, enfants compris – et dix nouveaux arrivants, qui sont trente au bout de 18 mois et plus de cinquante en trois ans : ils prennent ensuite la mairie avec leur liste entière sans problème. » Sur un blog contre la Desouchière, intitulé « la Desouchière dégage », un article rapporte également que « sur le net les gens de La Desouchière expliquent très clairement leur projet pour ce coin du Morvan : s’installer discrètement, racheter des biens immobiliers petit à petit, investir le tissu associatif local, ouvrir un gîte réservé à une certaine clientèle qui devra montrer « patte blanche », puis se dévoiler le moment venu, quand les bases seront solidement posées. »

Faire le point sur la situation à Mamirolle

L'église de Mamirolle.
Mamirolle, l’église (mairie de Mamirolle).
Malheureusement pour eux, les auteurs de la Desouchière comme du Cercle Grevelon ont été démasqués avant même de pouvoir pleinement vivre leur aventure, bien que de nombreux habitants avaient déjà été conquis par le concept de gîte et cette nouvelle bonne agitation qui faisait plaisir à voir dans ces zones rurales souvent moribondes. Reste à savoir si la Caborne a les mêmes projets dans la commune de Mamirolle. La taille du village semble de prime-abord trop importante pour y réussir, 1699 habitants. Sauf en sachant que le site de Thorey-en-Plaine en compte 1002, soit presque seulement 700 de moins, et était la première tentative du Cercle Grevelon et du jeune Vincent L. Si l’influence réelle de la Caborne à Mamirolle n’existe pas directement, car le mouvement vit comme une secte, on peut tout de même se poser de vraies questions sur la suite. Car la dimension au moins interrégionale de ce mouvement, si ce n’est nationale, ne peut que laisser craindre sur les moyens engagés et les retours espérés à long terme.
Le choix de Mamirolle est un atout géographique non négligeable. C’est un village à l’écart du tumulte urbain de la capitale comtoise, mais situé à une dizaine de minutes de celle-ci par la RN57. Un réseau de bus et une gare complètent les infrastructures de transport, en plus du fait qu’il n’y a pas de gendarmerie. Mamirolle, pourtant loin d’être une commune avec un grand nombre d’immigrés et ne recontrant aucun problème communautaire ou sécuritaire particuliers, a toutefois été choisie comme la cible des identitaires comtois. Et ceux-ci font leur chemin au sein de la population. Si aujourd’hui il est certain que la commune n’est pas un bastion de l’extrême-droite, encore moins tenue par des identitaires radicaux, cette situation ne peut qu’être préoccupante. Car avec une implantation durable, solide et significative, avec en arrière plan un soutien pléthorique et sans faille, il ne fait nul doute que l’emprise d’une telle organisation ne peut que devenir de premier plan. D’autant plus que des strates primordiales d’un petit village sont déjà influencées voire investies d’une partie de ses membres et affiliés.
L’E.N.I.L. (École nationale d’industrie laitière) est à cette échelle une manne de choix. L’on sait que deux élèves aux idées politiques plutôt tranchées y étaient scolarisés. C’est notamment ce que nous révèle Fafwatch Franche-Comté, un certain Brice ainsi que sa petite amie Élodie. Ils font partie du « Werwolf Sequania », ainsi que des Jeunesses nationalistes révolutionnaires de Serge Ayoub pour Brice. Deux autres personnes du village travaillant dans le secteur agricole sont également liés à la Caborne, sans possibilité de déterminer s’ils sont ou non conscients de la réalité de l’association. Après les révélations de la source quant aux gérants et au lieu de la Caborne, je suis évidemment aller faire un tour pour vérifier la véracité des allégations. Car, surprise (ou non ?), l’adresse indiquée est celle d’une boulangerie. Comment en être certain ? Tout simplement en se postant devant, une quinzaine de minutes, au commencement d’une rencontre, histoire d’avoir le cœur net. Et je n’ai pas été déçu.
Drapeaux de la Caborne
Les drapeaux vus à l’intérieur de la Caborne sur une photographie. Fanny, Quentin et Gabriel posent devant l’étendart de la Franche-Comté et de Génération identitaire (archives antifascistes).
Tout d’abord, un premier autocollant du Bloc identitaire apparait sur un poteau arrière très isolé. Ensuite, l’agencement des lieux correspond aux photographies prises dans la Caborne. Puis, l’activité anormale dans une boulangerie fermée ce jour-ci : trois personnes s’affairent en cuisine. Des individus se garent, la plupart formellement reconnaissables et identifiés, et entrent dans un bâtiment toujours censé être fermé. Ils seront au total huit à cet événement officiel de la Caborne. Un type habillé d’une veste Front comtois sort, fait un tour, et revient. Enfin, la soirée commencée, un passage devant un volet ouvert offre le panorama complet sur la cuisine, qui s’avère celle de la Caborne d’après les photos, avec au mur un drapeau de la Franche-Comté et un drapeau comportant le logo de Génération identitaire, la lettre Lambda. Des doutes sont-ils encore possibles ? Notons tout de même que le propriétaire du commerce, Sébastien C., ne semble pas actif au sein de la mouvance d’extrême-droite bien qu’ami avec la Caborne sur Facebook.

Une coopérative agricole à Salins.

Les ambitions de communauté raciale de la Caborne ne sont actuellement qu’au stade du probable et encore dans un futur lointain. Même si il ne faut pas minimiser cet aspect, découvrir quels seront les axes du lendemain est également un point primordial. Car j’ai appris que deux grands projets sont en cours : la création d’une A.M.A.P. (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), et une recherche de local autonome. Il est désormais établi que Vincent L. vit à Salins-les-Bains. Une personne habitant la commune a pu le confirmer en le citant nommément tout en le reconnaissant physiquement. D’ailleurs d’autres éléments viennent étayer sa présence dans le coin. Ne serait-ce parce que le siège social de la Caborne est enregistré sur place, et surprise, à son adresse même. Mais aussi quelques éléments secondaires, comme de nombreux centres d’intérêts présentés sur Facebook tournant autour de Salins.
En plus du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle et de l’association des Racines et des Elfes, que j’évoquerai prochainement, de nombreuses pages sont likées. Musée, structures sociales, administration, commerces… Près de la moitié des mentions totales uniquement sur le secteur. Des lieux qu’il a l’habitude de fréquenter, et pour lesquels il remerciera le patron de l’un d’eux pour une bouteille offerte dans le cadre d’un anniversaire, celui de Michael G., fêté dans l’établissement, toujours sur Facebook. Mais on peut se dire : et pis, on s’en tape qu’il vive là-bas ; on sait que la Caborne n’y est pas. En effet, mais l’histoire ne s’arrête pas là. On se souvient d’un projet de coopérative agricole en création qui avait été déclaré sur le site de la Caborne. Et c’est là qu’après recherche, une A.M.A.P. située sur le village limitrophe de Bracon compte parmi ses membres… Vincent L. ! Il y est très impliqué, participant étroitement à l’entretien et la récolte des produits qui y sont cultivés.
Le vignoble jurassien.
Le vignoble jurassien, rêve identitaire ? (créaFrance.com).
Il a été également actif dans une autre association locale, cette fois pour des vignes bios. Il faut noter que les organisations en question n’ont pas trempé dans les sales affaires pour autant, n’ayant apparemment rien à se reprocher. Mais connaissant le profil du gaillard, il y a de quoi s’inquiéter. Surtout qu’il veut déjà se mettre à son compte. C’est ainsi qu’il cherche à louer un terrain proche pour y faire son propre potager, mais aussi se mettre dans la viticulture biologique, à travers un projet avec un associé puisqu’une agrémentation qu’il ne possède pas est nécessaire. Parmi les profils, je connais celui de son ami et proche de la Caborne Corentin, ouvrier agricole dans la commune voisine d’Arbois. Serait-ce lui le partenaire en question ? Impossible de le savoir pour le moment. Mais les stages de Vincent L. dans le milieu et son éventuelle future inscription au C.F.A. de Montmorot, près de Lons-le-Saunier, correspondent à cette volonté de formation viticole/œnologue bio.
Cette fois c’est un intime du jeune homme, plus très copain à première vue, qui livre ces informations. De nouvelles révélations capitales, car elles illustrent une capacité et une volonté d’enracinement durable et en profondeur. Un garde-manger et un article-phare situés non loin pour un trafic optimal, mais pas à proximité immédiate afin qu’en cas de découverte tout ne soit pas foutu. Mais quelle utilité pour le court terme ? Certainement subvenir aux prochains besoins occasionnels de la Caborne, car pour le moment bien insuffisants pour en faire un circuit producteur-consommateur. Mais nul doute que c’est ce qui est prévu, comme dans le Cercle Grevelon, avec un produit porteur : une bonne bouteille. Et il ne faudrait pas oublier le second point, en la recherche d’un local par la Caborne directement au sein de la capitale comtoise, enfin si l’on en croit une conversation de Vincent L. qui m’a été rapportée.

Bourgogne identitaire et Génération identitaire Bourgogne : toujours les mêmes.

Logo des identitaires Bourguignons.
Logo des identitaires Bourguignons (compte Facebook des identitaires).
En Bourgogne, les choses ne sont pas simples non plus. Avec l’association Burgondes et le Cercle Vincenot puis Grevelon, déjà évoqués précédemment, s’ajoutent plusieurs entités dans la région : Bourgogne identitaire, Génération identitaire Bourgogne, Identitaire Dijon, les Identitaires Bourguignons, ainsi que des Racines et des Elfes. J’évoquerai cette dernière plus en détail dans des rubriques ultérieures, tant elle est particulière et tient une place primordiale. Bourgogne identitaire correspond à la section locale officielle du Bloc identitaire, organisée et aboutie. Génération identitaire (G.I.) est la branche jeune et radicalisée de ce groupe, découlant elle-même de la « ligue 732 » composée pour la spectaculaire attaque de la mosquée de Poitiers. Dijon Identitaire n’est qu’une fenêtre dressée pour fédérer les camarades bourguignons, alors que la page des Identitaires Bourguignons correspond directement au site de Bourgogne identitaire. L’ensemble a vocation de rassembler dans l’est, le sud, et le centre de la région. Bourgogne identitaire possède un site simple, mais bien tenu et avec des activités régulières. Elle y présente ses nombreuses actions coup-de-poing, comme la perturbation de cercles du silence, une marche des cochons, ses vagues de collage, ou la dénonciation active du pseudo racisme antiblanc, ainsi que les événements comme les rencontres, soirées, et meetings.
Mathieu B. y joue un rôle de premier plan dans l’organisation et la mise en scène, ce qui tend à démontrer sa gestion de la structure. D’autant plus qu’il se vante lui-même d’en être le président dans un commentaire. Les autres structures sont complètement inhérantes à la section centrale, comme c’est le cas d’Identitaire Dijon et des Identitaires Bourguignons. Elles n’ont qu’en seul objectif, celui d’apporter une vitrine supplémentaire au groupe. C’est également le cas de Génération identitaire, à la différence de posséder une structure définie. Bien qu’uniquement présente sur Facebook, elle a un dirigeant et sa propre ligne d’affiches xénophobes, ainsi que d’autres projets. Elle est conduite par Kevin, qui n’hésite pas à donner son propre numéro de portable dans les coordonnées officielles. Présent à Poitiers, ce jeune qui chante son amour de la France dans des titres néo-folk, a pour tâche de recruter et former politiquement de petites frappes sur place mais aussi en Champagne. Sur les trois pages Facebook, les mêmes articles, statuts, et photographies partagées en boucle. Et bien sûr je me rends compte qu’encore une fois tout le petit groupe est autour de ses chefs. Les likes et commentaires intempestifs ne se font pas attendre.
Vincent et Michael  à la convention identitaire.
Vincent L. (1) et Michael G. (2) à la convention identitaire d’Orange (site Bourgogne identitaire).
Kevin, Vincent L., Michael G., Mathieu B., Nathalie, Marie-France, Nicolas, Laurent, Cyril, Virginie, Marina, Ludovic, Jérôme, Benjamin L., Mélody, Marie, Damien B., Luigi, et la liste est longue. Les photographies de collages, tractages, mobilisations, pour beaucoup issus du site Bourgogne identitaire, présentent le visage d’une bonne part des membres mentionnés. Elles ont le mérite de prouver cette fois-ci l’activisme actif. D’ailleurs, en plus de la clique bourguignonne, des visages franc-comtois sont vite remarqués. Par exemple lors d’un barbecue le 25 août 2012 des « camarades de Bourgogne identitaire et Génération identitaire » (retransmis ici), pendant la Grande convention identitaire d’Orange les 3 et 4 novembre 2012 (retransmis ici), ou à un repas intitulé « cohésion du Bloc identitaire Bourgogne/Franche-Comté » le samedi 26 janvier 2013 à Dole (retransmis ici), sans parler des nombreuses autres occasions déjà citées tout au long de l’article ou celles déclarées par le Bloc identitaire Franche-Comté comme le 28 mars 2012. Et tout aussi intéressant, des statuts et commentaires rapportant l’étroitesse de leurs liens. C’est ainsi que j’apprends la venue des Identitaires Dijon pour un repas chez leurs amis comtois le 16 février 2013. Très bonne nouvelle, puisque la date correspond exactement à la célébration de la première année de la Caborne durant laquelle une soirée avait justement été organisée. Ou encore que des Francs-Comtois de la Caborne sont allés à une randonnée identitaire en Bourgogne le 24 juin 2012, comme le dit un commentaire issu directement du compte de la structure sur un statut Facebook de Mathieu B.

Des Racines et des Elfes, une autre association dans la nébuleuse.

Logo de l'association des Racines et des Elfes.
Logo de l’association des Racines et des Elfes (site des Elfes).
Au sein de cet ensemble, l’association Des Racines et des Elfes apparaît rapidement. Elle est d’abord évoquée par plusieurs amis de la Caborne, mais également sur le Web. Avant de plonger dans les découvertes, un descriptif de la présentation officielle, à travers un site et plusieurs sous-domaines et des comptes dans les divers réseaux sociaux, est là aussi nécessaire. Commencement par le site global. D’entrée de jeu, je vois tout de suite que les grands moyens sont là : un aspect professionnel, coloré, bien mis en place, clair et ordonné comme il faut. Une description de la structure permet d’en savoir plus : « Créée en 2008, l’association Des Racines et des Elfes met en place des solutions alternatives, positives, constructives et fortement enracinées dans les domaines qui touchent de près ou de loin à la sauvegarde et à la transmission du patrimoine des peuples d’Europe. » Avec la précision : « E.L.F.E.S. est un acronyme signifiant Européens, Libres, Fiers, Enracinés, Solidaires. »
Les réalisations sont nombreuses : sociales avec l’appui de structures soi-disant d’aide aux S.D.F., la réalisation d’un centre à travers la rénovation de vastes locaux, environnementales et agricoles avec la mise en place d’un potager, éducatives par une cellule d’aide aux devoirs, culturelles grâce à des ateliers théâtre, écriture, et musique, immobilières avec l’installation sur le site pour « établir une communauté », patrimoniales et historiques en des visites de monuments et la création d’une bibliothèque sur ce thème et conviviales par des événements gastronomiques ou sportifs. Au sein de ces éléments, un malaise s’installe vite. Des mots et tournures avec des consonances orientées apparaissant entre les lignes : « les nôtres », « nos compatriotes », « l’intérêt de notre peuple », « souveraineté », « espace de liberté et de résistance », et cette phrase « nous mettons en place une réelle solidarité au service des Français et Européens oubliés souffrant toujours plus du délitement d’une société dont les dirigeants négligent les difficultés des nôtres pour mieux s’occuper de celles des autres. »
Tout au long des explications sur le parcours, dans les actions, les objectifs et le qui sommes nous, l’association rappelle sans cesse qu’elle est aconfessionnelle et apolitique. Une page sur des témoignages unanimement laudatifs, sans l’ombre d’une variation de contrariété, vantent les qualités, la chaleur humaine, et la bienfaisance de la structure. Un forum est également présent, où de nombreux messages généralement anciens sont postés. Mais les débats ne sont malheureusement accessibles qu’aux membres. Une possibilité de rejoindre la strucure, et une demande bien rôdée d’aide, financière, matérielle, ou de main d’œuvre, avec la certitude de leur bonne utilisation, vient parachever l’exposition de la structure. À présent, direction les pages annexes, disponibles depuis une rubrique réalisée à cet effet. La première d’entre elle pointe sur la « maison des Elfes. » Un sous-domaine entier pour présenter le local et surtout les travaux. Le détail des avancées depuis 2009, des futurs projets, et des possibilités pour que le lecteur puisse venir en aide.
Le calendrier des Elfes.
Le calendrier 2013 des Elfes (e-boutique des Elfes).
Un petit blog dépeint les activités littéraires des Elfes, où quelques articles y sont disposés pour présenter des lectures. La page dite « école des Elfes » n’existe tout simplement plus. Un espace boutique permet d’aider l’association par l’achat de calendriers titrés « voyage au cœur de la France éternelle », et soi-disant confectionnés par les membres. Un compte Twitter, presque vide, et une page « like » Facebook, ne donnent d’emblée pas plus de contenu. Quelques photographies faisant état de l’avancée du chantier fin mars montrent encore une activité vivace. Enfin, un compte Youtube affiche l’ajout de nombreuses vidéos. Mais aucune ne traite de l’association, s’agissant de reportages historiques sur la région, des personnages, ou des traditions. D’une manière générale donc, même si des éléments embusqués apparaissent, l’exposition de « des Racines et des Elfes » est exactement comme la Caborne. Une neutralité apaisante, qui ne laisse pas l’impression d’une véritable fédération d’extrême-droite. Sauf que…

Un objectif de base : des projets immobiliers raciaux.

C’est le blog « la Desouchière dégage » qui révèle l’origine de cette énième association, à peine croyable. Un article détaillé explique comment et pourquoi la structure a été créée : « Lorsque nous avons rendu publique la localisation de la Desouchière, Olivier B. (alias Roark) et ses amis ont découvert notre blog en à peine quarante huit heures. Sur les commentaires du site Fdesouche, Olivier B., un peu ébranlé avoue publiquement qu’il aurait préféré rester discret encore un ou deux ans. Pourquoi après tout ? Le site de la Desouchière est une propriété privée, les familles qui y sont installées le sont en toute légalité, chacun invite qui il veut chez soi, même les néo-nazis. Alors pourquoi des militants voudraient-ils rester discrets et s’interdire toute propagande ouverte pendant quelques années ? tout simplement parce que derrière les militants désintéressés, il y a des spéculateurs très, très motivés. Dans leurs textes, les « Desouchiers » aiment bien se définir comme une communauté enracinée, soudée par la solidarité nationaliste, comme des pionniers du Nouveau Monde, prêts à renoncer au luxe inutile de la vie urbaine pour en revenir à une vie saine et fruste dans notre dure région morvandelle.
Un village de Gaulois à l’ancienne, où l’on sait se contenter d’une soupe de légumes faite maison, et d’un cuissot de sanglier rôti à l’ombre des vieilles pierres, la Desouchière ? C’est très certainement le décalage évident entre la « noblesse » toute relative des idéaux affichés par Roark et ses amis, et l’appétit spéculatif présent dès les prémices du projet La Desouchière, qui explique la première réaction des Desouchiers à notre initiative : la suppression immédiate du forum public ouvert en octobre 2008 pour poser les bases du projet. Heureusement pour l’Histoire du Patriotisme Français, nous en avons conservé une copie. On y trouvera le détail des ambitions patrimoniales des Desouchiers : le raisonnement commence sur la baisse des prix actuels dans le Morvan, et dans nombre de zones rurales, mais aussi la possibilité que ceux-ci remontent à moyen et long terme. Donc même des militants fascistes non intéressés par l’investissement quotidien dans le projet Desouchière le sont immédiatement par l’aspect placement financier. Roark, leader du projet, propose alors rapidement la création d’une Société civile immobilière (S.C.I.), la possibilité concrète d’acheter des parts du patrimoine immobilier qui va être acquis dans le Morvan, en toute discrétion : à l’époque les militants espèrent que leur projet ne sera pas découvert avant un certain nombre d’années, et pouvoir développer leur activité immobilière en toute quiétude. Les avantages fiscaux d’une Société civile immobilière sont multiples, notamment le non assujettissement à l’impôt sur les sociétés.
La Maison des Elfes.
Aperçu de la Maison des Elfes (site des Elfes).
Les associés détenteurs de parts sont certes assujettis à l’impôt sur le revenu pour les dividendes versés, mais justement Roark propose que ces dividendes soient réinvestis en totalité dans la société pour une première période, et servent à la rénovation des biens et à de nouveaux achats. L’intérêt est évident pour des gens qui ont les moyens de laisser fructifier leur argent, et placer dans la S.C.I., c’est l’assurance de bénéficier d’un vrai rendement net d’impôts à long terme : en effet, dès lors qu’on est adhérent à une S.C.I. depuis plus de quinze ans, les bénéfices et dividendes acquis lors de la revente de biens sont exonérés d’impôt sur la plus-value immobilière. Si un particulier vend sa maison cinq ans après l’achat, il n’est pas exonéré. Mais si c’est une S.C.I. qui vend des biens immobiliers même deux ans après leur achat, alors, les dividendes versés à chaque associé présent depuis quinze ans le seront. En bref, les morvandiaux en difficulté financière qui doivent vendre maintenant la résidence familiale, les personnes âgées contraintes au même choix pour leur résidence principale, notamment quand elles doivent faire face au prix d’une vie en institution médicalisée ou en maison de retraite, payeront un impôt sur la plus-value en vendant aux spéculateurs de la Desouchière qui ont les moyens et les astuces juridiques pour acheter à la baisse en temps de crise. Mais dans quinze ans, les associés de la S.C.I. Desouchière feront une jolie culbute nette d’impôts en vendant leurs parts, ou en se séparant des immeubles acquis par la S.C.I.
L’enracinement communautaire a quand même des allures de spoliation et de rapacité : sur le forum on trouvera aussi d’intéressantes remarques sur la possibilité et l’intérêt de prendre des biens en viager, à mettre en lien avec les développements déjà cités dans nos premiers articles sur la possibilité de prendre rapidement du poids électoral dans des communes ou beaucoup d’électeurs actuels sont déjà très âgés… Quand on pense que ce sont ces mêmes Identitaires qui pleurent des larmes de crocodile sur le soi disant manque de respect des « étrangers » pour les personnes âgées. Le projet est aussi très intéressant, sur l’aspect location : en effet l’objectif est bien d’offrir la possibilité à des militants fascistes moins fortunés des loyers modérés, s’ils sont prêts à s’investir politiquement dans le projet, naturellement. Les responsables de la Desouchière envisagent donc tranquillement d’acheter des maisons, non pas pour les occuper, mais pour les louer uniquement à des personnes d’extrême droite triées sur le volet. Ils sont très préoccupés par cette nécessité de contrôler totalement le projet sur la durée : l’ennui d’une Société Civile Immobilière, en effet, c’est la possibilité pour les associés de vendre leurs propres parts, et aussi la question des transmissions par droits de succession. Le drame éventuel, un associé important qui décède et sa fille antifasciste qui devient titulaire des parts, par exemple.

L’association en recourt des failles de la S.C.I.

Mais Roark, décidément plutôt doué comme petit spéculateur en herbe a trouvé la parade : ce sera une association, très restrictive sur les critères de recrutement qui détiendra la majorité des parts… et donc toujours le pouvoir de décision au sein de la S.C.I. Pas bête ? Et l’association n’aura pas que ce rôle là : à la Desouchière, on ne cesse de cracher sur « l’État Providence », la « culture de l’assistanat », les associations politiques subventionnées par « l’argent de nos impôts », mais en fin de compte, si c’est possible, on ne crachera pas sur une aide du vilain Système. Beaucoup d’intervenants investis dans le projet évoquent cette possibilité et la nécessité de créer pour cela une association avec une apparence « neutre », un objectif adapté aux demandes éventuelles de financement public, qui met l’accent sur la sauvegarde du patrimoine, par exemple. Et les fonds récoltés iraient… dans la S.C.I. Desouchière. Comment ? Notamment par l’achat de parts, mais aussi par la mise au nom de l’association du gite rural qui fait partie du projet et sur lequel nous reviendrons dans un prochain article, un gite réservé aux « amis » là encore. Mais pour éviter l’aspect trop ouvertement discriminatoire, au lieu d’afficher « interdit aux basanés et aux gauchos », les militants de la Desouchière comptent traduire ça par « réservé aux adhérents de l’association. »
La Desouchière, bonne affaire ?
La Desouchière, communauté ou bonne affaire ?
C’est à dire à toutes les structures d’extrême-droite notamment qui auraient besoin d’un lieu de rencontre, et de réunion. Et l’association, ou les associations, payeront des loyers à la Société civile immobilière : détentrices de parts dans cette S.C.I., elles pourront aussi investir des fonds dans les travaux, par exemple… Bref, des possibilités intéressantes en terme de montage de dossiers de subventions, qu’il s’agisse de la « sauvegarde du patrimoine » ou du « développement d’activités touristiques », pour lesquelles les collectivités territoriales, notamment en Bourgogne, proposent de nombreux dispositifs. Sur le forum, on évoque aussi la possibilité d’une association du type « chantiers de jeunesse »… en réalité un terme qui couvrira l’organisation de camps d’un genre un peu particulier… La Desouchière est quand même référencée sur Stormfront, un site international de rencontres néo-nazies. Quelques mois plus tard, cela se concrétisera par la création de la structure « Des racines et des elfes ». Ca sonne mieux que « Des fascistes et des spéculateurs » effectivement. Domiciliée à Dijon, l’association « Des racines et des elfes » définit assez vaguement son projet sur son site.
Cela avec des phrases pompeuses et creuses sur la « sauvegarde de l’environnement », la « fraternité », « l’entraide », les « bonnes volontés », le « bénévolat », le rejet de « l’individualisme » et le « matérialisme débridé. » Évidemment pas un mot sur la Société civile immobilière Desouchière, ça c’est pour le forum privé désormais réservé aux membres de l’association. Suite à la découverte du projet La Desouchière, toute allusion publique au projet de Société civile immobilière a disparu. À la place, sur le blog officiel de La Desouchière, les militants d’extrême-droite nous font une petite poésie très émouvante sur l’amour total, charnel et spirituel de l’Europe, de ses peuples et de ses cultures, et délirent au passage la « race morvandelle. » Les habitants du Morvan apprécieront comme il se doit : on « salue » ceux à qui on compte acheter leur maison au plus bas prix possible, dans une période où la crise du logement frappe comme jamais en zone rurale, où le surendettement tient de plus en de gens à la gorge. On « salue » ceux à qui on refusera toute location des biens achetés pour la réserver à ses amis fascistes, et donc tant pis pour les jeunes qui galèrent, et ceux sur qui on espère faire du bénéfice avec des viagers, les personnes âgées obligées de trouver du fric pour se soigner et pour compenser la perte d’autonomie.
Beaucoup de fascistes nous ont écrit après la création du blog : la plupart nous accuse de ne pas être solidaires avec notre « propre peuple » (pour une obscure raison, beaucoup semblent persuadés que nous sommes du même « peuple », bien que nous n’ayons jamais gardé les cochons ensemble…). Mais finalement leur « peuple » n’exclut pas seulement ceux qu’ils qualifient « d’étrangers », « d’envahisseurs », mais absolument tous ceux qui ne sont pas dans leur logique de haine. Leur peuple, c’est eux et leurs amis fascistes, point barre. Leur communauté c’est une entreprise d’investisseurs malins prêts à profiter au maximum des opportunités offertes par la crise en cours, qui met la plupart des habitants du Morvan, dans une situation financière et sociale de plus en plus difficile. Leur amour du « peuple », c’est l’appétit devant toutes les opportunités d’enrichissement personnel qu’il peut leur apporter. Seulement, si la « race morvandelle » n’existe pas, il est par contre scientifiquement démontré qu’on n’est pas plus con et plus crédule dans la Nièvre qu’ailleurs en France. Espoir déçu pour Roark et ses amis, dont on se demande quand même quels échecs cuisants les ont amenés à se « déraciner » de leur région d’origine pour émigrer chez nous… »

La Desouchière bis comme seconde vie.

Repas événementiel à la Desouchière.
Repas événementiel à la Desouchière.
À la suite du scandale provoqué par la découverte des intentions réelles de la Desouchière, les auteurs du projet et bénévoles se font tous petits. Au point d’en croire à un moment que le bâtiment est abandonné. Mais c’est sans compter les capacités de rebondir qu’ont les identitaires. D’autant plus que, au regard des sommes colossales et de l’envergure de l’investissement, il aurait été une véritable tragédie que de déguerpir. C’est notamment ce que livre l’organe médiatique du Bloc identitaire, Novopress.info, dans l’interview d’un des gestionnaires en mars 2009 : « La société possède un patrimoine estimé à 620.000 euros, soit 7 logements. Il s’agit de 3 maisons individuelles avec jardin, de 2 appartements et 2 studios. Nous logeons actuellement 22 personnes. » Alors, plutôt que de subir la vindicte populaire, ils reprennent les bonnes vieilles méthodes d’autant plus qu’une possibilité toute faite est déjà là : des Racines et des Elfes. Le site de la Desouchière est mis définitivement de côté et celui des Elfes épuré. C’est à présent ce dernier qui servira de vitrine au groupe.
Car avant la version actuelle, ce site rapportait absolument tout de l’association. Avec des archives encore disponibles, on sait que le mouvement a été créé lors d’une assemblée générale les 6 et 7 décembre 2008. D’août à octobre 2009, la parution d’articles s’interrompt sans explication. Par la suite, une page explique qu’un certain Alain réalise de la bière maison et qu’il la vend pour l’association, sous le nom de… bière la Desouchière. Les activités de l’ancien blog de des Racines et des Lettres viraient à la propagande identitaire et xénophobe plein pot. Mais à présent, un énième nouveau visage est disponible et le projet continue. Les mêmes bâtiments, les mêmes personnages derrière, et les mêmes volontés d’antan. D’ailleurs le site actuel de la maison des Elfes ne cache même pas ses liens avec la Desouchière, se présentant comme la suite de celle-ci, et dont les legs de généreux donateurs vont directement à l’adresse initiale des anciennes tuileries dites « Grands moulins. » Les nombreux blogs d’extrême-droite qui en parlent n’hésitent pas non plus à évoquer la Desouchière tout en dirigeant vers la page web de la Maison des Elfes comme leur site officiel. C’est le cas de « synthèse nationale » et « réseau identité » qui reprennent également les mêmes photographies pour illustrer leurs articles.
Mais aussi d’un forum du Parti de la France, dont le commentateur explique en 2010 : « Desouchière, des Racines et des Elfes, projets communautaires en Bourgogne ; Depuis plusieurs mois maintenant, des gens se réunissent sur le net, puis en région Bourgogne pour un projet communautaire, tourné vers les nôtres (les blancs) » ; tout en évoquant les pressions subies par les antifascistes et illustrant la page avec les vidéos officielles de l’association des Elfes. Novopress balance même le morceau, alors que Fdesouche rapporte les activités d’été en transmettant un communiqué signé… Roark. Ce même personnage dont le compte Youtube à son nom diffuse la majorité des vidéos des Elfes, et qui est administrateur du forum du site principal. Le petit village de Mouron-sur-Yonne a décidemment encore bien du souci à se faire. Les nouvelles récentes du site ne laissent elles non plus aucun doute, les vidéos, photographies, et rapports, montrant exactement le même édifice quelques années plus tard. Les racialistes cachés ne changent absolument pas eux non plus, même si certains apparaissent et d’autres sont plus en retrait. On trouve encore Olivier B. alias Roark avec Gil qui coordonne le chantier et leur petite bande, composée de Jean-Philippe, Cyril, Laetitia, Michel, Françoise, Roland, Emmanuel, Éric, Olivier, Laurent, Louis-Victor, Sandy, Renaud, Sylvain, Sylvain D., Angela, Robert, Chantal, Anthony, Emmanuel, Béatrice, Alain, Olivier V., et notre fameux Vincent L.
À laquelle s’ajoute occasionnellement les proches de la Caborne : Mathieu B., Michael G., Terry, Marie, Paul, Marina, Marie-France, Ludovic, Marie, et Julien. Les recoupages d’archives, de photos, et des réseaux sociaux, évoqués par la suite, ne trompent pas. Des liens encrés se sont établis avec diverses structures nationales, sur lesquelles je reviendrai globalement plus loin. En plus, des calendriers, des posters et bibelots bas de gammes sont vendus à travers le compte Algofaé sur des sites comme Amazon.fr. Mais plus que cela, ce sont les progrès des travaux qui sont à noter : en plus de la cuisine, de la grande salle de réception, et de diverses pièces, c’est à présent des dortoirs modernes qui sont en cours d’achèvement. Les extérieurs sont rénovés, et des potagers à leur terme. Il reste aujourd’hui beaucoup de travail à faire à la Desouchière, mais sa croissance est pour le moins préoccupante. Ses ressources financières, le nombre de ses adhérents, et l’avancement du projet, en font incontestablement l’une des plates formes identitaires parmi les plus importantes au niveau national. Un nouveau combat nécessaire est à mener par et pour les camarades sur place.

Des liens directs avec la Caborne

Michael et Vincent à la Desouchière
Exemple de deux photographies à la Desouchière : Vincent L. (en haut à droite) et Michael G. (en bas à gauche) en plein travaux. Archives antifascistes, 2010.
Au fil de la visite des divers sites et comptes d’abord et directement auprès des principaux protagonistes de la Caborne ensuite, les liens entre la Desouchière et la Caborne apparaissent immédiatement comme s’inscrivant dans la durée et l’étroitesse. De nombreuses archives photographiques interceptées par les milieux antifascistes rendent compte que, dès l’origine de la Desouchière, la plupart des identitaires franc-comtois et bourguignons suivis jusque là y étaient impliqués. C’est notamment le cas de Michael G. et de Vincent L., dont les clichés les exposant en action dans les travaux du B.T.P. comme dans les champs prouvent leur participation dès le début. On retrouve Michael G. en plein effort sur l’ancienne version du site des Elfes et Vincent L. publie de nombreux clichés durant les repas ou avec Roark, avec en commentaire « l’ADREDE (l’association des Racines et des Elfes), une vraie famille. » C’est ensuite dans le Cercle Grevelon que l’activité se poursuit. Je rappelle que le jeune Vincent L. en était le directeur officiel.
Ce mouvement ne cachait absolument pas sa camaraderie complète avec la Desouchière, exposant même cette union comme un argument. Issu de la Desouchière, créant une antenne de celle-ci dans la même région, peu de place au doute quant à des liaisons historiques. Mais avec les troubles et déconvenues qui se sont produits entre-temps, peut-être que l’esprit n’est plus le même ? Et bien non, pas du tout. On remarque sur le site des Racines et des Elfes plusieurs liens en bas de page, dont le premier d’entre eux n’est autre que la Caborne. Puis, sur Facebook, la fascination de nombreux amis de la Caborne pour la page des Elfes interroge. Michael G., Vincent L., et Mathieu B., sont des réguliers de la page et la font particulièrement vivre avec leurs « likes » et autres commentaires. D’autres personnes liées sont également remarquées, comme Marie, Marina, Cyril, Julien, Seb’, Ludovic, et Paul, toutefois leur intérêt semble moindre. Notons aussi qu’une photo d’Astérix et Obélix représentant un banquet dans un village Gaulois, était une des illustrations de base de la Desouchière, et largement reprise par la petite bande comtoise sur les réseaux sociaux.
Affiche de la virée en Bourgogne.
Affiche de la Caborne pour la virée bourguignonne (site de la Caborne).
Mais et c’est le plus intéressant, c’est une production du site même de la Caborne qui met en lumière la fraternité des deux structures. Un article daté du 29 juillet 2012 appelle à une « virée Bourguignonne » les 18 et 19 août. Rien d’alarmant en apparence, si ce n’est que cette date correspond très exactement aux journées amicales organisées par les Elfes avec une grande après-midi paëlla. D’ailleurs le cher Michael G., tout content de ses vacances passées là-bas, s’exclame à plusieurs reprises sur son compte Facebook à ce sujet. Il dit le 17 juillet : « Direction la Desouchière demain les vacances vont commencer vraiment » ; et le 21 août : « Super journée dimanche à la Desouchière merci à mes parents d’être venus faire la paëlla et je dis dommage à ceux qui n’y étaient pas car vraiment super journée je vous donne rendez vous l’année prochaine à tous. » Mais celà est peu étonnant, tant Michael est un habitué des partages via son compte Facebook.
Lorsque des membres fondateurs de la Caborne participent pendant plus d’un mois aux travaux d’été de la Desouchière et fêtent les grands événements, il est clair que les structures ne peuvent qu’avoir des liens fusionnels. Et il faut prendre cette conclusion à sa juste valeur. Si la distance et le train-train quotidien mettent une barrière parfois rédhibitoire, les activités à la Desouchière illustrent la vision de ses gestionnaires et probablement le caractère même de l’association. En ayant fait ses premières armes politiques sur place, en profitant de chaque occasion comme les périodes d’été pour s’y rendre et en utilisant cette entité comme un exemple de réussite à suivre, Vincent L. et Michael G. aspirent à un projet local structuré ainsi dès le berceau et avec comme ligne de mire, si ce n’est certainement pas une réédition, au moins une succursale à peu près potable.

Des branches partout en France.

Logo solidarité des Français
Ancien logo de Solidarité des Français, plutôt évocateur (Novopress.info).
Plusieurs autres mouvements localisés dans toute la France apparaissent comme proches des diverses structures évoquées jusqu’ici, la Desouchière en tête. Un bloggueur à travers son site personnel, aujourd’hui disparu, a tenu à faire part de son désarroi en voyant la structure identitaire se tisser : « Un véritable réseau s’est mis en place pour drainer des fonds en tentant de masquer les véritables enjeux du projet. Des associations aux noms poétiques ou mystérieux ont vu le jour. En marge de la Desouchière on trouve donc entre autres, Des racines et des Elfes basée à Dijon mais aussi le collectif 1639 et le cercle Vincenot, deux associations loi 1901 montées par un identitaire franc-comtois originaire d’Ornans, Vincent L. établi maintenant à Illy-les-Citeaux (21640).
Par exemple sur le site du Cercle Vincenot on peut constater les activités récentes à la Desouchière à la rubrique rendez-vous. Les photos du 19 mars sont visibles sur celui de l’association Des racines et des Elfes. En remontant les liens et en essayant de se faire une idée de l’avancée des projets du Bloc identitaire, on part bien au delà de la Desouchière. » Et déjà en 2010, ce rédacteur avait vu très juste car, sans même fouiller l’ensemble de la sphère du pays, on retrouve de nombreuses amitiés entre la Desouchière et plusieurs mouvements, juste en suivant un peu le site des Elfes. Sans parler des simples amis dont les productions ont déjà été évoquées précédement, avec Synthèse nationale, le Parti de la France, ou Fdesouche, ce qui se dévoile comme des relais identitaires est en émergence sur tout le Territoire. Il y a déjà le cas de l’association « Solidarité des français » qui aide les plus démunis dont les S.D.F. à la seule condition d’être blanc et de consommer du porc. La directrice et son mari ne cachent d’ailleurs pas que leur action est directement réalisée avec et pour le Bloc identitaire, ces deux ex-M.N.R. déclarant dans diverses interviews militer ainsi pour ce parti. Madame dira d’ailleurs au journal d’extrême-droite Minute :
« Nous avons décidé d’aider les nôtres avant les autres. Il suffit d’observer la rue pour réaliser que la majorité des marginaux qui dorment dehors sont des Européens, pour la simple raison que les refuges et les centres d’accueil sont submergés par une misère venue d’ailleurs, souvent du Maghreb. Il y règne un climat de terreur et de violence. Nous favorisons notre communauté. » Mais il y a aussi la « Ligue francilienne », autre formation groupusculaire de la nébuleuse, ayant fourni de nombreuses vivres et du matériel aux Elfes. Elle est apparue mi-2012 par la volonté d’un certain Hugues, fondateur du réseau identité et rassemblant diverses formations dans toute la France. Bien qu’en collaboration directe avec le Bloc identitaire sur des plans structurels, tactiques et souvent idéologiques, la Ligue et son collectif oeuvrent sur une ligne régionaliste indépendantiste. Plus inquiétant, de véritables antennes sont nées récemment. Racines charnelles, déjà évoquée précédemment, est un repère identitaire au même titre que la Desouchière. Apparemment située en Rhône-Alpes, ses liens avec nos amis Bourguinons semblent forts. Un article pour promouvoir le Cercle Vincenot, d’autres chaque année proposant l’achat des fameux calendriers, un pour appeler à l’adhésion, un lien sur leur blog chez les Elfes, et des pages sur la Bourgogne qui ne manquent pas non plus, et qui pointent sur le blog le Réveil de laVivre.
La Ferme du Bout du Monde.
La Ferme du Bout du Monde.
Située en Bourgogne, V.I.V.R.E. est un acronyme qui signifie d’après ses auteurs : valeur, identité, vérité, résistance, et espoir. Plus rien depuis fin 2011, mais on peut voir de nombreuses rédactions à tendances conservatrices et catholiques. Un lien renvoie sur les Elfes, et plusieurs articles rendent compte des échanges entretenus avec leurs amis des Grands-Moulins. Et il y a encore pas mal d’autres organisations, comme Tour d’Europe ciblant les écoles, la Ferme du Bout du Monde située en Haute-Loire de type « village gaulois », Retour à la Terre dans l’Allier pour un ré-enracinement et des tas d’autres noms qui pourraient être mentionnés et tous liés aux Elfes. Les trois abordés ici n’ont plus d’activité depuis un certain temps. Mais leur existence témoigne d’une volonté réelle et prépondérante d’intégrer le paysage français et d’un réseau incroyablement dense de par cette myriade d’associations. Qui sait combien de Desouchière sont en activité en France ? Un gros boulot attend les camarades antifascistes des autres régions.

Pré-répercussions et conclusions.

Propagande anti-Caborne.
Affiches (en haut) et lettres (en bas).
Le milieu alternatif et antifasciste en lutte contre l’implantation et les dérives d’extrême-droite depuis des années, et plus particulièrement ces derniers mois où une recrudescence des activités d’extrême-droite est enregistrée à Besançon, a décidé de réagir immédiatement à l’annonce de la parution de ce dossier. Un tract a été rapidement rédigé et tiré à près de 600 exemplaires, puis postés dans les boites aux lettres de Mamirolle la veille de la publication. Il explique brièvement la situation en interpellant les riverains sur la réalité de cette situation silencieuse, et renvoie sur le présent site pour avoir tous les éléments. Quelques affiches explicites ont également été collées dans les rues du village, avec comme slogans : « pas de Caborne, ni ici ni ailleurs ! racistes, identitaires, nazis : dégagez ! » ou des plus mesurés « combattons le racisme et le fascisme ! » La presse locale, prévenue préalablement par mes soins de cette publication, ne devrait semble t-il pas trop jouer la sourde oreille cette fois, tant l’ampleur et la prestance du travail fourni sont à mon sens importantes. D’ailleurs, Radio campus Besançon a d’emblée accepté de me recevoir à ce sujet la journée même, et d’autres vecteurs devraient suivre.
Cette enquête arrive (enfin) à son terme. Un gros dossier apportant de nombreux détails et arguments, mais dont l’étendue est rendue nécessaire pour démontrer la véracité des faits présentés. Et le constat est sans appel. Une mouvance radicale d’extrême-droite, les identitaires, tente de s’infiltrer insidieusement au sein de villages en intégrant ses secteurs-clés, comme les commerces, les lieux d’enseignement, le milieu associatif, et l’activité agricole. Avec comme objectif de s’enraciner profondément, et d’amorcer un contrôle total de la commune pour enfin se révéler et mettre en place leur vision politique réelle. Celle d’une haine des musulmans, des juifs, des étrangers particulièrement maghrébins et subsahariens, des homosexuels, et des alternatifs. Le cas de la Caborne est en plein dedans. S’il n’est pas établi de manière formelle que les desseins de cette association sont de faire main basse sur la Commune de Mamirolle, la question à long terme se pose forcément. Car en un peu plus d’un an d’activité, les individus derrière semblent s’enraciner fortement.
Un groupe ayant le soutien d’une large nébuleuse notamment en Bourgogne, ou l’institution-type de ce genre de structure, la Desouchière, est érigé en véritable maison-mère. Une constatation forcément inquiétante. Car s’il est vrai que ces identitaires ne font pour le moment pas parler d’eux à Mamirolle, qu’adviendra t-il du jour où ils seront significativement implantés ? Par exemple en Bourgogne, à Lyon, et à Toulouse, c’est déjà le cas. Bien que minoritaires, ces adeptes nauséabonds y ont pris leur quartier. Et les effets ne se sont pas fait attendre. À Dijon, ils n’hésitent pas à perturber en groupe un conseil municipal en s’y introduisant pour hurler leur combat ; à Lyon, une horde de militants d’extrême-droite comprenant des néonazis, des hooligans, et des identitaires, frappent, saccagent, et agressent les premiers venus dans le centre historique en plein après-midi ; et à Toulouse, le Bloc identitaire est mis en cause lorsque l’ensemble de la structure locale à travers ses membres dont le dirigeant tabassent cagoulés et armés de battes ceux qu’ils jugent comme gauchistes et immigrés, blessant gravement un jeune chilien le rendant hémiplégique et sourd à vie.
Sans parler du quotidien : nombreuses affiches xénophobes et autres supports puants, actions coup-de-poing comme la mise en place de puissants haut-parleurs passant l’appel à la prière au petit matin pour interpeller les voisins d’une construction de futur lieu de culte, intimidation et persécution des tenanciers de kebabs et autres acteurs issus de minorités ethnico-confessionnelles. La liste pourrait être encore longue, mais les éléments soulignés ici parlent d’eux-mêmes : le potentiel de dangerosité et de nuisances est loin d’être faible. Je tiens enfin à préciser que le présent article n’a pas pour objectif d’attiser la haine envers cette organisation et ses tenanciers, qui n’attirent bien sur ni compréhension ni sympathie, tout juste de la pitié. Non, cette rédaction est là pour lever un masque abject et prévenir du danger qui guette, caché sous des traits angéliques. Afin que la population, les représentants, les citoyens que nous sommes, ne se réveillent pas un jour au cri de Sieg Heil dans nos rues. Prévenir, fédérer, et lutter, dans les règles de l’art, voilà le seul letmotiv.

;Notes

L’ensemble de cette rédaction a été réalisée à partir d’éléments objectifs, minutieusement collectés sur Internet (sites dédiés et réseaux sociaux principalement), dans des archives antifascistes auprès de structures et camarades, et lors d’enquêtes de terrain. Ils sont le fruit d’un travail à la fois légal et éthique, sur des critéres de pertinence, de rigueur, et de vérifiabilité poussés au maximum. Les informations livrées ici sont jugées comme fiables à 100%, et les recherches poussées au maximum. Mais une erreur ou un oublie étant toujours possible, merci de signaler tous problèmes en m’envoyant un message pour éventuellement faire une rectification. Les données recueillies, s’inscrivant sur des centaines de pages, n’ont bien sur pas été totalement retranscrites. Aussi les noms complets ne sont pas mentionnés, et les visages floutés. Cela pour garder une ligne éditoriale cohérente et éviter l’encombrement de nombreux détails futiles, mais aussi ne pas exposer publiquement les moindres faits et gestes des mis en cause, considérant que même les individus les plus sordides ont droit à un cadre préservé. Si une quelconque entité en tant que personne morale, ou personne physique, prétend par ces écrits être victime d’atteinte à la vie privée ou de diffamation, elle peut m’en faire part en m’envoyant un courriel uniquement si celui-ci est fondé, ou comme le droit l’autorise m’attaquer en justice pour ces motifs ou ceux qu’elle jugera opportun. Toutes menaces, insultes, diffamations, discriminations, atteintes à la vie privée, ou oppressions, de quelque nature, degré, ou forme que se soit, direct ou indirect, sur ma personne, mon support, ou mes proches, fera l’objet d’un dépôt de plainte.